Les vacances en Andalousie

Monique et Daniel se connaissent et sont à l’origine de l’idée de vacances en Espagne. Ils ont ajouté Carmen, une copine d’enfance de Monique, et Christiane, une copine de Daniel, au projet.

Ils se retrouvent à l’aéroport de Malaga pour passer ensemble une semaine en Andalousie.

Monique vient de Toulouse, accompagnée de ses enfants Iris et Nils.

Daniel, sa fille Léa et Carmen ont pris le même vol depuis Genève et ont fait connaissance dans l’avion.

Christiane était déjà sur place. Elle ne connait ni Carmen, ni Monique. Elle a été invitée par Daniel.

Les dernières présentations faites, Daniel avoue ne pas avoir de location réservée parce que la seule villa qu’il avait trouvée ouverte en cette saison lui a filé sous le nez en dernière minute.

Il faudrait donc en priorité trouver un endroit où dormir.


Aéroport de Malaga, samedi 1er octobre, 19:30

Daniel : … Donc, non, pas de locations ?… Rien ? Il doit bien y avoir quelques villas à louer.

L’hôtesse : Monsieur, nous sommes le 1er octobre, la saison touristique est terminée.

Daniel : Même pas un bungalow ?

L’hôtesse : Je crains que non.

Daniel : Et un hôtel ? Il doit bien y avoir un hôtel d’ouvert.

L’hôtesse : Les quelques hôtels ouverts à cette saison sont bondés. Malaga reçoit cette semaine une délégation de scientifiques norvégiens. Ils sont 250, il ne rester que 200 lits dans la ville.

Daniel : Et les 50 qui restent ?

L’hôtesse : Chez l’habitant.

Daniel : Un camping ?

L’hôtesse : Il en reste un seul d’ouvert.

Christiane : Ah non, hein !!! Je suis allée dans un camping une fois et quelqu’un avait fait caca sur l’étagère de la douche. J’avais mis ma serviette par-dessus et en la tirant pour me sécher, j’ai reçu de la merde sur la tête.

Daniel : …?

Christiane : Et les douches étaient pleines de poils et les lavabos pleins de crachats et de dentifrice. Non ! pas un camping ! J’ai 40 ans et je ne veux pas passer mes vacances dans une tente. Je déteste la terre, le sable et le gravier, ça tache, ça crisse, ça se glisse dans le sac de couchage et ça gratte. C’est exclu.

L’hôtesse : Comme vous voulez. Je vous conseille de trouver vite une autre solution parce que l’aéroport ferme dans une heure.

Daniel : Où est le camping ?

Christiane : Non, pitié, pas le camping !

Daniel : Juste une nuit Christiane… Le temps de trouver une villa.

L’hôtesse : Demandez au taxi de vous amener au Karmi-Ramah, ils le connaissent tous.

Daniel : Et c’est sûr que c’est ouvert ?

L’hôtesse : Oui, nous y avons envoyé quelques scientifiques, mais ils n’ont pas voulu rester. Quelques frictions culturelles, mais pour une nuit…

Daniel : Bon… va pour le camping.

Christiane : Ça commence mal les vacances, dans un camping, à un âge où on aspire à des vacances confortables.

Daniel : Pour une nuit, tu n’auras même pas besoin d’utiliser les toilettes. De toutes façons, il n’y a pas d’autres solutions. Allons manger en ville, et ensuite nous irons au Karmi-Ramah !


Dans la campagne profonde, après 15 kilomètres de chemin chaotique, non éclairé, couvert de nids de poules.

Le Karmi-Ramah


Dans Le Camping, dimanche, 01:30 du matin

M. Gomez : Et bien oui, c’est tout ce qui nous reste.

Daniel : Les trois tentes là ?

M. Gomez : Oui, et comme il est 01:30 du matin et que nous sommes les seuls ouverts à cette saison, je vous conseille de les prendre de suite.

Daniel : Mais comment vais-je faire pour allonger les jambes ? Je devrai dormir avec ma fille, on va étouffer là-dedans !

M. Gomez : Les Norvégiens qui viennent de partir se posaient la même question. En plus ils étaient douze, et croyez-moi, vous à côté, vous avez l’air d’un nain. Que voulez-vous que je vous dise, Monsieur ? Est-ce ma faute si certaines personnes mesurent plus que nécessaire ? Moi je mesure un mètre soixante-douze et je peux dormir partout, ce n’est pas mon problème. Enfin, je vous conseillerais de laisser l’entrée ouverte, vous pourrez allonger les jambes et respirer.

Daniel : Mais… et s’il pleut ?

M. Gomez : Je peux vous prêter un sac poubelle et un peu de ficelle.

Daniel : Pour 45 euros la nuit par personne vous me proposez de dormir dans une tente ouverte avec les pieds ligotés dans un sac poubelle ?

M. Gomez : C’est la loi du marché ! On a le choix ou on ne l’a pas ! En l’occurrence, vous ne l’avez pas. Les hôtels ont fermé la semaine dernière, sauf un hôtel de passe où les petits risquent d’attraper des morpions au mieux et la gale au pire. En plus, ils vont y acquérir un vocabulaire si exhaustif sur le sexe que vous n’oserez même plus les envoyer à l’école !

Daniel : Nous ne pouvons quand même pas passer les vacances dans ces conditions ! À 06:00 la chaleur va nous réveiller.

M. Gomez : Non, vous aurez déjà été réveillés par la corne de brume, ça vous rappellera cette espèce de long tuyau dans lequel vous soufflez en Suisse. Ca s’appelle comment ce truc qui rappelle le cerf en rut ?

Daniel : Le Cor des Alpes ?

M. Gomez : Et bien, ça vous rappellera le cor des Alpes, à l’aube, tout pareil, sauf que ce sera ma corne de brume ! Je demande à mes clients de se réveiller à 05:00 pour participer à la purification collective, ensuite viennent la course sur la plage, la douche froide, le yoga et une légère flagellation. Le petit déjeuner est à 08:00; tisane d’orties, galettes de son et jus de carottes au menu, ensuite viennent les incantations.

Carmen : Comment ça « légère flagellation » ? Ça va pas non !

M. Gomez : Purificatrice, rapide et légère, juste pour raviver le sang.

Carmen : Après la course et la douche froide, ça m’a l’air superflu. C’est du vice oui !

M. Gomez : Il est vrai que j’y prends plaisir.

Daniel : Et les Norvégiens ? Ils sont partis où ?

M. Gomez : A l’hôtel de passe, ils préféraient ça parce que là, ils pouvaient boire. À mon avis ce n’est pas trop grave s’ils acquièrent un langage à faire rougir un âne, personne ne les comprendra chez eux. Vous par contre… français, espagnol, ça se ressemble, si vos enfants tiennent certains propos à l’école, vous allez entendre parler du pays !

Daniel : Mais je veux boire moi aussi !

M. Gomez : Ne le dites pas trop fort Monsieur, nous sommes plutôt réticents sur l’alcool ici ! Je pourrais tout aussi bien vous jeter dehors et vous laisser passer vos vacances sous un pont à partager du maudit pinard avec des alcooliques de votre genre. Voulez-vous passer les vacances avec des débris humains imbibés de poison mortel qui ont fini sous les ponts ? marqués par le doigt de Dieu ? maudits jusqu’à leur descendance ? NE ME TENTEZ PAS, MONSIEUR !!!

Daniel : …?

M. Gomez : Ici, c’est moi qui commande, c’est chez moi. Ici, nous prions, nous méditons, nous chantons, nous nous recueillons, le soir nous dansons jusqu’à l’épuisement. Nous n’avons pas besoin d’alcool pour nous envoler vers le Seigneur ! Seigneur… Seigneur… OH OUI Seigneur !!… OH OUI SEIGNEUR !!… JE TE VOUE MON ÂME SEIGNEUR……


Unanimes


Aparté dans le camping : Carmen, Daniel, Monique, Christiane

Carmen : Mais c’est quoi ça ? On est où là ? Il veut nous fouetter !! Il est cinglé oui !!! Je lui en donnerai moi une légère flagellation pour voir. Mais comment est-on arrivés chez un malade mental pareil ? JE RÊVE !!!!

Daniel : Une semaine à la tisane d’ortie, à la flagellation à poil sur la plage, à la prière et au chant, je trouve que ça fait beaucoup personnellement… Je chante très mal en plus.

Monique : Tu crois qu’on peut fumer de la beu ?

Carmen : Mais on s’en fout, on ne reste pas de toutes façons.

Monique : On va où alors ? Tu sais comment Seb est à cheval sur la question des gros mots ! Si on va à l’hôtel de passe et que les enfants en disent à l’école ; ça va le mettre en pétard !

Carmen : Monique ! Si Sébastien apprend que tu coures à poil sur la plage, que tu t’adonnes à la flagellation collective et que tu chantes des incantations toute la journée, ce sera pire, non ?

Monique : C’est aussi vrai.

Carmen : Je ne passerai pas une seule nuit chez ce vicelard.

Christiane : Reste à trouver un autre arrangement…

Daniel : Le pont ? Au moins on pourra rigoler un peu avec les clochards !

Christiane : Ah non ! Pour se couvrir de crasse et attraper des mor…

Monique : Chut … !

Carmen : Tu nous fatigues, Monique ! Après 3 jours de lutte pour faire boire du jus de carottes à tes gosses, tu leur apprendras toi-même des gros mots. J’en ai élevé deux, moi ! Leur faire avaler des galettes de son implique une énergie que tu n’as pas.

Daniel : Carmen a raison ! Il est 02:00 du matin et ils sont crevés, ils ne sont plus en état de retenir des gros mots. Demain, on avisera !! Direction l’hôtel de passe !

Christiane : L’hôtel de passe, rien que ça ! Les draps plissés et cartonnés et une montagne de capotes sous le lit.

Monique : Tu as déjà dormi dans un hôtel de passe ?

Christiane : Non, mais ça laisse présager des oreillers collants et des maladies vénériennes !

Monique : On aura qu’à dormir habillés.

Daniel : Elle a raison Carmen, on nage en plein délire. Je suis sûr qu’en fait c’est un sado-maso qui ouvre son foutu camping exprès hors saison pour pouvoir abuser ces clients tranquillement.


C’est ainsi que nos personnages se retrouvent à une heure très tardive dans le seul hôtel (de passes) ouvert de la ville.


L’hôtel de passe, dimanche, 03:00 du matin

Daniel : Bonsoir, avez-vous quelques chambres pour nous cette nuit ?

Réception : Il m’en reste une, mais les enfants sont interdits.

Daniel : On ne peut tout de même pas les laisser dans la voiture. Il est trois heures du matin, nous cherchons un endroit pour dormir. Ils sont crevés.

Réception : Monsieur, vous vous trouvez dans une maison close, ici vous venez pour consommer du sexe. Si la police débarque, on me retire ma patente !

Daniel : Mais c’est une urgence !! Allez-vous nous renvoyer à cette heure-ci avec trois enfants qui ne tiennent plus debout ?

Réception : Ce n’est pas mon problème, moi je n’en ai pas, je suis stérile.

Carmen : Mais on ne vous demande pas d’en faire, on vous demande d’avoir un peu de pitié pour ces petits ! Tout à l’heure dans le camping, on voulait les fouetter, ici on ne les laisse pas dormir ! Ce n’est pas possible ça !!!

Réception : Même ici on peut les fouetter, si vous voulez. Nous excellons dans la matière. Si une petite séance au sous-sol vous tente vous m’en direz des nouvelles. Vous venez de chez Gomez, le camping Karmi-Ramah ?

Carmen : Oui… nous venons du Karmi-Ramah et non, votre proposition pour être fouettés ne nous intéresse pas, merci !

Réception: Dommage, je suis moi-même très habile vous savez ?

Carmen : Je n’apprécie pas qu’on me fasse des avances aussi directes !

Réception: Bon, vous êtes dans un bordel quand même, ici on peut dire ce qu’on veut.

Carmen : Et moi j’ai le droit de me trouver dans un bordel et de ne pas vouloir me faire fouetter !

Réception: Tout de suite les grands mots ! il s’agit de flageller avec une petite badine, pas de fouetter, ce n’est pas pareil ! On connait ça ici, qu’est-ce que vous croyez ? Vous exagérez !

Carmen : Et alors, c’est notre droit de ne pas vouloir être flagellés, non, mais je rêve. Quelle manie !

Réception : Ce n’est pas une manie Madame, c’est un Art.

Daniel : Mais qu’est-ce que ça vous coute de nous garder ici cette nuit ? On vous paye même la prostituée s’il le faut ! Nous voulons juste quelques lits pour nous reposer.

Christiane: Dites-nous combien vous voulez et on le paie. Demain matin, nous chercherons une villa pour le reste des vacances.

Réception : Quelle prostituée voulez-vous ? Une experte du bondage ? Une domina ? SM ? FF ?

Monique : Chut ! Je vous en prie… pas si fort !! Les enfants…

Nils : MOI ZE VEUX UNE DOMINA !

Monique : Nils !!!

Réception : Alors ?

Monique : Mais c’est pour de faux, voyons ! Nous la payons, mais elle ne vient pas. Nous sommes déjà sept dans la chambre, nous n’allons pas rajouter une prostituée qui pourrait très bien s’occuper ailleurs.

Réception : Sauf que ce n’est pas possible au niveau administratif, ça nous ferait un emploi fictif et la police nous surveille de près. Si vous louez les services d’une prostituée, il faut l’utiliser, point final ! Je commence à vous trouver pénibles et tout ça commence à m’énerver, alors dites-moi quelle prostituée vous voulez et qu’on en finisse ! J’ai un bordel à gérer, je travaille moi. Je ne suis pas en vacances, moi !

Daniel : OK… OK, ce n’est pas grave si une prostituée dort avec nous, une gentille qui présente bien fera l’affaire.

Monique : Est-ce que vous en avez une qui ne dise pas de gros mots ?

Réception : Prenez une Portugaise, si elles en disent on ne les comprend pas.

Léa : Papa ?

Daniel : Attend mon cœur ! Je suis occupé, il faut que je trouve une chambre…

Léa : Papa… Pourquoi le Monsieur il met des billets dans la culotte de la dame ?

Monique : Soyez gentil, donnez-nous cette chambre qu’on en parle plus ! Il est 03:30, le hall est plein de prostituées. Les enfants posent des questions gênantes, et nous voulons dormir.

Réception : Bien, si la police demande pour les enfants, vous dites que vous les avez cachés, que je ne les ai pas vus. Amélia !! Tu montes avec les touristes !!!

Nils : Maman… ? C’est la mère Noël ? Elle est jolie sa culotte…

Amelia : Chouis pas la mère Noël, mon petit chéri d’amour, ye suis oune poute…

Monique : Amélia, s’il vous plait ! Ne dites pas ça !

Nils : Elle est jolie votre robe. Vous me lisez une histoire ?

Monique : Ah non !! Là on se couche et personne ne dit plus rien. Tout le monde se tait !!

Léa : Papa ? Quand je serai grande, tu m’achèteras des bottes comme celles de madame poute ?

Monique : Silence !!!! Tout le monde au lit, tout le monde au lit !!!

Christiane : Baaahhh… Ils puent les matelas! Ils puent la transpiration !

Monique : Tu m’étonnes.

Christiane : Je vais m’allonger par terre ! …Argh, comme je disais, des capotes sous le lit. Ca colle par terre, et… Horreur ! Horreur, des petits poils englués  ! De la poussière aussi… et oh… une poire à lavements… sale.

Monique : Une poire à lavements ? Mais pourquoi… ?

Carmen : Laisse tomber Monique ! Bonne nuit.

Monique : Bonne nuit tout le monde.


Le repos est de courte durée.


L’hôtel, dimanche, 05:00 du matin

La police : Ouvrez ! Police ! Tout le monde debout !

Christiane : Mais quoi ? On vient de se coucher !

La police : Ouvrez !

Christiane : Oui… voilà… Mais qu’est-ce qu’il y a ?

La police : Contrôle des établissements nocturnes !

Nils : La poliiiice !!!

La police : Que fait cet enfant ici ? De qui est cet enfant ?

Monique : Le mien. Voyez-vous, nous n’avons pas trouvé où dormir en arrivant. Nous sommes arrivés au camping de Monsieur Gomez…

Carmen : Qui voulait tous nous fouetter !

Monique : Et cet hôtel était le seul ouvert en cette sai …

La police : Je pense que l’air pur du camping lui aurait été plus favorable. Enfin Madame, on n’amène pas un enfant dormir dans un bordel !

Carmen : Il ne voulait pas rester au camping, il ne voulait pas qu’on le fouette.

La police : Ces chipoteries sur la flagellation vous rendent fort ennuyeuse, Madame. Moi-même j’apprécie de temps en temps le plaisir de quelques bons coups de badine. Un fouet lancé à la juste vitesse sur mon postérieur me procure d’exquises douleurs, vous devriez essayer !

Carmen : Mais foutez-moi la paix ! Je ne veux pas me faire fouetter !

La police : A votre aise. Je disais donc, que fait cet enfant dans ce bordel ? Et que fait cette prostituée dans la chambre ?

Nils : C’est une poute !

La police : Il est portugais, votre fils ?

Léa : Nils, une pute et une prostitute, c’est la même chose. Mon papa me l’a expliqué.

La police : Mais il est portugais ?

Daniel : Mais non, c’est Amélia qui est portugaise, elle dit « poute » au lieu de « pute » alors le petit…

Monique : Il est 5:30 du matin, et on a déjà dit « pute » 5 fois devant les gosses.

La police : Mesdames, Monsieur, nous vous demandons de nous suivre, nous allons dresser un procès-verbal au commissariat. Amélia, vous aussi ! Habillez le petit… les petits, tiens…! Il y a aussi deux petites filles. Vous êtes le père ?

Daniel : D’une seule.

Monique : Mon mari est resté à Toulouse.

La police : Est-il au courant du programme que vous réservez à vos enfants quand vous partez en vacances ?

Christiane : Mais c’est accidentel enfin !!! Croyez-vous que nous passons nos vacances dans les bordels ?

La police : Mais c’est ce que nous allons voir Madame.


Et le périple se poursuit dans un commissariat de quartier.


Le Poste de police, dimanche, 06:00 du matin

La police : Alors, vous êtes venus en Espagne rechercher des sensations fortes ?

Carmen : Non, nous sommes venus en Espagne passer des vacances.

La police : Madame, quiconque séjourne au Karmi-Ramah et passe ses nuits au « Gustosa » accompagné d’enfants est fortement soupçonné d’avoir des mœurs que la loi réprouve.

Carmen: Je suis d’accord avec vous, c’est pour cela que nous avons refusé de rester au Karmi- Ramah.

La police : Gomez a eu le temps de vous faire tâter de la badine ? Il s’y prend bien, les fesses sont bien rouges, pas striées, juste incandescentes de partout, ça cicatrise bien.

Carmen : Là je crois que je vais hurler.

La police : Pardon ?…

Carmen : Je disais donc » …nous avons refusé de rester au Karmi-Ramah … »

La police : Mais il a eu le temps de vous …?

Carmen : Non mais dites donc ! Ça suffit oui !!!

La police : Excusez mon indiscrétion, Madame. Nous autres Andalous sommes si friands de certaines pratiques coquines.

Carmen : Parlons d’autre chose !

La police : Très bien. Bon, nous allons vous mettre dans une cellule commune et après nous verrons. Il est 06:00 et j’ai sommeil.


Deux heures plus tard


Le Poste de police, dimanche, 08:00 le matin

La police : Tout le monde debout !!

Christiane : Encore !… Mais quoi à la fin ?…

Carmen : Mon dos… aïe…

Daniel : Je crois que je vais retourner au bordel me faire masser un peu.

Iris : Maman, c’est quoi un bordel ?

Monique : Daniel !

Daniel : La prochaine fois, on ira en Croatie, là on ne comprend pas ce qu’ils disent.

La police : Bon partez, vous êtes libres, si on doit courir après tous les touristes qui affluent pour tâter de la badine en Andalousie il nous faudrait un escadron spécial.

Carmen : Mais je me tue à vous répéter que ça ne nous intéresse pas vos histoires de badinage !

La police : Madame ! C’est une institution à Malaga, aussi ancestrale que la corrida ! Personne ne fait rebondir la badine aussi bien qu’un Andalou, je vous prie de respecter ça ! Et ne me dites pas que vous ne le saviez pas, on me raconte ça tous les jours et je n’y crois plus.

De surcroit, votre postérieur s’y prête à merveille, je l’ai bien regardé par l’œillet quand vous dormiez et ma foi, j’ai bien dû me retenir de venir vous le chatouiller un peu.

Carmen : Comm…??? …Quoi ?… mais comment osez-vous ?

La police : Juste quelques petits coups secs pour le voir frissonner. Je vous trouve bien prude pour une femme qui dort au bordel avec trois enfants.

Carmen : Mais ça n’a rien à voir !!! Je ne vous permets pas de… de…

Christiane : BON ! Ça suffit ! On déjeune et on repart à la recherche d’une maison convenable, propre et confortable.

La police : Et si on vous retrouve dans un autre endroit inconvenant avec des petits enfants, je vous boucle pour le reste des vacances !

Carmen : Donnez des leçons de morale, tant que vous y êtes !

La police : Madame, j’avoue avoir une tendresse particulière pour votre derrière. Je serais ravi de vous garder plus longtemps près de moi pour le faire rougir à ma guise la nuit venue.

Carmen : … ?!! Mais… Non mais !!!

La police : Mon poignet s’y prête très bien, j’avais oublié de le mentionner tout à l’heure ! Peut-être seriez-vous ravie de le voir s’affairer.

Carmen : Mais surement pas !…

Monique : Je respecte tout à fait votre passion pour certaines pratiques, mais je vous serais reconnaissante de cesser de les clamer en boucle devant les enfants. Là, je fais mon maximum pour qu’ils ne deviennent pas désaxés sexuels à l’âge adulte !

La police : Et bien vous vous y prenez mal, vous devriez essayer le Club Med, c’est plus discret, les enfants jouent avec Mickey.

Daniel : Bon, bon… on y va. Amélia, vous retournez travailler ?

Amélia : Yé chouis en vacanches. Yé dévé prendre el avion pou’ lé Portugao, ma yé lé raté. Ye sé pas où dormir.

Daniel : Bon, on prend les voitures et on se fait les agences immobilières.


Sept heures d’allers-retours entre les agences et les locations pour en trouver une qui fasse l’affaire.

En tout et pour tout, il restait à louer à Malaga :

Un mobil-home couvert de fientes de mouettes, à 20 cm d’un précipice qui surplombe une autoroute ;

Une cabane abandonnée à 10 mètres du rivage, à côté d’un élevage de canards ;

Une roulotte des années cinquante sans eau ni électricité, avec un immense panneau publicitaire lumineux dans le minuscule jardin, coincée entre une zone industrielle et un champ de tir;

Un appartement dans une barre de 25 étages dans un quartier sensible, à proximité du cimetière municipal, avec les murs noircis par les fumées du four crématoire ;

Un bunker sans eau ni électricité, couvert de sable et empestant l’urine, squatté par 5 scientifiques norvégiens naturistes ;

Et puis, finalement, alors qu’ils n’y croyaient plus, la villa de rêve. Spacieuse, blanche, moderne et confortable,

Avec une piscine.


La Villa, dimanche, 14:00

Christiane : Trop classe.

Carmen : La piscine… les transats… les palmiers.

Daniel : Il est dimanche, 14:00 et les vacances commencent. Je vous prépare un petit cocktail mesdames ?

Christiane : Prends les verres qui sèchent sur l’égouttoir, je les ai javellisés.

Monique : Javellisés ?

Christiane : Il faut tout javelliser, sinon tu peux attraper de l’herpès et puis les mouches chient beaucoup sur les verres.

Monique : Même chez toi tu javellises les verres ?

Christiane : Moi je javellise tout, même le poulet.

Monique : Le poulet ?

Christiane : Une fois, quand j’étais en vacance à la ferme, j’ai trouvé un poulet mort tout gonflé, je me suis penchée, mon sac lui est tombé dessus. J’ai reçu ses intestins sur la figure et il a lâché un long pet et un jet de fiente verte sur mes mollets, et même un peu de sang.

Monique : …?

Christiane : Depuis, je ne supporte plus l’odeur.

Daniel : … euh… L’agence m’a dit qu’il ne faut pas faire attention aux voisins, c’est une secte qui se rend dans la villa voisine pour une semaine de séminaire.

Monique : Dans le style du Karmi-Ramah ? Jus de carottes et légère flagel..….

Carmen : Monique, j’ai assez entendu parler de flagellation pour le restant de mes jours !

Amélia : Quoi, vous n’aimez pas la flagellachion, ma ch’est choupeeeer ! Yé fais cha toute la yournéé !! Vous voulez qué ye vous montre ?

Carmen : … ?!!

Monique : Non, non, un peu de repos vous fera du bien, Amélia. Prenez des forces et dormez beaucoup. Si vous voulez je vous prête mon pantalon de jogging parce que vous attirez un peu l’attention dans cette robe, mais, elle est jolie… Elle est en lycra ?


Dans la douceur de cet après-midi dans le jardin,les vacances commencent.


Le jardin, dimanche, 16:00

Daniel : Tiens… les voisins chantent. On dirait qu’ils prient.

Monique : Ah… je crois qu’on a sonné à la porte… Daniel ? Tu vas voir ?

Christiane : Peut-être que les proprios ont oublié de nous dire quelque chose au sujet du ménage. Demande-leur où ils ont mis le plumeau, les radiateurs sont dégueulasses.

Carmen : Peut-être que les voisins sont venus nous inviter à l’apéro.

Christiane : Ah non merci ! Moi, une fois j’ai passé un dimanche avec une secte. Ils priaient et criaient « Jésus… Oh oui Jésus… Je t’aime… JE T’AIME Jesuuuuuuuus… ». Certains faisaient rouler voluptueusement leur tête en se lamentant. Ils se roulaient par terre, les fesses en l’air et on voyait leurs anus poilus se tortiller. Un vrai cauchemar.

Carmen : …?

Christiane : Tu as fini avec ton verre ?

Monique : Mais laisse mon verre là où il est, c’est la 3ᵉ fois que tu le laves !

Christiane : Ça fait une auréole humide sur la table du jardin, ça va finir par donner des bactéries à tout le monde. Je vais passer un coup d’éponge, c’est quand même plus propre. Tiens, je lave un coup ton verre puisque je vais à la cuisine, c’est préférable.

Daniel : Mesdames, je vous annonce l’imminence de la fin du monde.

Carmen : C’était qui à la porte ?

Daniel : Les voisins qui m’ont annoncé l’imminence de la fin du monde. Alors, moi, je relance une tournée de Mojitos.

Monique : Bonne idée, fêtons la fin du monde dans la tiédeur automnale de cet après-midi andalous avec un petit joint et un cocktail bien frais. Ce sera toujours ça de pris au cas où !

Carmen : Et pourquoi ils sont venus nous l’annoncer à nous la fin du monde ? Il y a que nous dans le quartier ?

Daniel : Nous avons de la chance avec le temps, on dirait. Je vais rejoindre les gosses dans l’eau.


La soirée avance, Daniel s’est mis aux fourneaux, le repas est exquis.


Sur la véranda, le soir, dimanche

Monique : Ça y est ! Il est 21 :30 et les petits dorment. On a de la chance, Daniel, ils sont cool les gosses, la course interminable pendant 2 jours, le bordel, la police… Léa, Iris et Nils, pas inquiets du tout, confiants, tranquil…….

Carmen : On sonne à la porte.

Amélia : Ch’était très goustos lé soupé, bravo Denich ! Tou es oun hombres maravillos !!

Monique : Je vais ouvrir.

Daniel : Votre humble serviteur, mesdames. Je relance une tournée de Mojitos ?

Christiane : Je fais la vaisselle, je relève les chaises pour passer un petit coup de balai et de serpillère, je détartre le lavabo et je vous rejoins.

Daniel : Maintenant ? Laisse on fera demain ! Le lavabo ? ils le feront eux ! Nous ne l’avons pas entartré nous, c’était déjà comme ça.

Christiane : Oui mais un lavabo entartré ne brille pas, il est tout terne. Ca concentre les bactéries, c’est dégueulasse. Je ne peux pas apprécier les vacances avec un lavabo entartré.

Daniel : …?

Christiane : Je me sentirai mieux après. Levez-vous et mettez les chaises sur les tables, ça ira plus vite !

Daniel : Ah mais non !! Christiane !

Carmen : Il a raison, tu exagères… Ce n’est pas si sale !

Christiane : Si ! Les gosses ont mis des miettes partout parterre ! Regardez ! Beurk !… Il va venir des cafards ! J’ai vécu à Malaga et les cafards sont énormes !

Carmen : Bon, on va t’aider, ça ira plus vite tu as raison, calme-toi.

Christiane : Une fois je me suis retrouvée à frotter une baignoire très sale dans un hôtel. Dans la couche de tartre, de mousse jaunâtre et de poils, j’ai trouvé une dent sanguinolente, avec le nerf encore attaché.

Carmen : …?

Christiane : On aurait dit un cordon ombilical en train de pourrir, tout vrillé, encore humide.

Daniel : Monique… Ça va ? C’était qui à la porte ?

Monique : Les voisins qui m’ont dit que nous serons saufs, mais que le moment était venu d’expier tous nos péchés et de faire pénitence. Ils m’ont donné une poignée de badines et ils espèrent ce soir se réjouir de nos cris de fervente douleur.

Carmen : MAIS ÇA VA PAS RECOMMENCER !!! C’EST PAS POSSIBLE, ÇA !!

Monique : Calme-toi ma chérie, on va les utiliser pour le barbecue.

Carmen : IL EST AU GAZ, LE BARBECUE !!

Monique : Mais calme-toi, tu sais bien que les gens ont de drôles d’habitudes, enfin. On fera autre chose, je ne sais pas moi… Tiens, on va les jeter par-dessus la haie… Ça te va ?

Carmen : Non ça ne me va pas ! C’est quoi ces vacances ?! Qu’est-ce qu’ils ont tous à te parler de flagellation ?! Est-ce qu’en Suisse on te parle tout le temps de sodomie ?

Monique : Ils pratiquent tous la sodomie en Suisse ?

Carmen : Mais non, mais je ne sais pas moi, enfin, ou autre chose, chacun fait ce qu’il fait mais personne ne t’en parle !

Daniel : Mais Carmen, mais tais-toi enfin ! Tu ameutes le voisinage ! C’est un quartier résidentiel, la police va arriver dans la minute si tu cries comme ça. Qu’est-ce qui t’arrive ?

Carmen : Mai c’est redondant à la fin ! On en vient à se demander ce que font les gens toute la journée. Ils devraient avoir le cul en sang à force. C’est troublant.

Amélia : Ma que noooo !!! Chi ch’est bien fait !! cha fait jouste les fesses rouches partout et qui chont toutes chodes ! Cha fait chirculer lé chang…

Carmen : JE NE VEUX PAS LE SAVOIR !!!

Daniel : En attendant, ils commencent à nous faire chier les voisins. Le prochain qui vient, je l’accueille person….

Monique : Ah ben justement, on sonne encore à la porte.

Christiane : Mais y vont pas faire ça toute la nuit !

Daniel : Non, ça va vite s’arrêter. J’y vais.

Monique : Qu’est-ce que c’est cette musique ? Alléluia… Alléluia… Alléluia…

Carmen : C’est pas possible, ça !

Daniel : J’appellerais bien la police, mais…

Carmen : Ah non ! Surtout pas !! Je n’ai pas envie que l’escadron de la badine en rajoute une couche !

Monique : Pourquoi ne chanterions-nous pas quelque chose, nous aussi ? La balade des gens heureux… l’important c’est la rose…

Carmen : Je n’ai aucune envie de me mettre à chanter « la ballade des gens heureux » !

Daniel : Je vais sortir, trouver le poteau électrique et arracher les fils, dans le noir ils se tiendront tranquilles.

Monique : Ah, ils ont arrêté de crier ! Tiens, le disjoncteur central a sauté, le quartier est dans le noir, un autre voisin a dû avoir la même idée ! Chouette, nous ne sommes pas seuls ! Si ça se trouve la police arrivera dans 10 minutes, embarquera toute la meute de fous de Dieu et se fera la main sur leurs vilaines fesses à grands coups de cravache.

Daniel : Badine.

Monique : Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai plus de sympathie pour la cravache. Elle m’inspire pas leur badine !

Daniel : Monique…, es-tu en train de dire que tu aimes qu’on te cravache ?

Monique : Mais non ! Mais à force d’entendre tous les habitants d’une même région vanter les mérites de la flagellation, on finit par se demander quelles sensations ça procure et on se laisse porter par son imagination.

Carmen : Moi ça me le fait pas !

Daniel : Et pourquoi t’as fantasmé sur une cravache ?

Monique : Ça m’a l’air que c’est plus précis et plus souple au contact. Le bout est carré, ça doit donner des petites tapes sèches qui font moins de marques. L’objet est plus joli aussi, les sangles en cuir entrelacées.

Carmen : Franchement Monique, si tu es vraiment sérieuse là, tu m’éteins !

Daniel : Ben moi je trouve qu’elle n’a pas tout à fait tort. Faudrait commencer tout doucement et se laisser porter par l’excitation… ça doit être pas mal au fond… Dommage que nous n’ayons pas de cravache…

Monique : Daniel, le fait que j’ai exprimé une réflexion sur la cravache ne veut pas dire que je souhaite que tu me cravaches, c’est juste qu’à force d’en entendre parler, j’ai eu envie d’explorer le sujet…

Daniel : Et tu as comparé les points forts de la badine et de la cravache.

Monique : Voilà, c’est tout !!

Daniel : Et tu ne veux pas que je te cravache.

Monique : Bien sûr que non, mais quelle idée !

Carmen : Tu es un peu difficile à suivre aussi.

Monique : C’est curieux cet engouement régional pour ce qui se fait dans la plus grande discrétion ailleurs dans le monde. Pour un peu on verrait des grands panneaux publicitaires avec un Andalou en costume faire rebondir sa badine sur un cul bien blanc au premier plan et écrit en grand « ANDALUCÍA ORGULLOSA DE SU CULTURA ». C’est fou, non ?

Daniel : C’est quand même bizarre qu’on ne parle nulle part de ça ? Avec Internet ça aurait fait le tour du monde cette propension massive d’un peuple à se vouer à l’art de la badine. J’ai un copain qui vit en Chine et qui m’a dit que là-bas c’est le bondage.

Carmen : Je préfère qu’on évite d’aborder le sujet !!!

Daniel : Mais calme-toi…!

Monique : Tes parents sont andalous, non ?

Carmen : Non, des Asturies !

Monique : Tu devrais leur demander s’ils sont au courant de ça.

Carmen : Si ça se trouve… Bonne nuit. Il est 23:00, je suis épuisée ! Dans 10 ans j’en rirai de cette histoire de vacances.

Daniel : Et moi, je vais m’allonger aussi, puisque personne ne veut explorer plus à fond la culture locale. La secte a arrêté de chanter, le quartier est dans le noir, je vais rêvasser dans mon lit. Tiens… Je prends une badine pour en étudier la souplesse… Monique a raison, ça mérite réflexion !

Monique : Bonne nuit à tous !!


Courte accalmie


Villa, lundi 5:30 du matin

Christiane : Hein… !! Quoi ?? Qu’est-ce qu’il se passe ? Qu’est-ce que c’est que ce vacarme ?!

Iris : Mamaaaan…! Je peux pas dormir, il y a du bruit.

Nils : BouaAAHHHH !!! Ze veus faire dodo.

Iris : C’est nul ces vacances… on n’arrête pas de changer d’endroit et on peut jamais dormir…

Monique : Et bien ça changera de quand je vous demande 30 fois de suite d’aller vous coucher. En attendant, c’est vrai que ça use à la longue, DENIIIIIIS…! Mais il dort, j’y crois pas… Comment c’est possible ? Mais c’est quoi cette musique ? C’est suraigu et discordant à la fois.

Carmen : DEEEENIIIIIIS !

Léa : PAAAAPAAAA…

Monique : Si j’avais su, j’aurais amené Sébastien, Mais, c’est pas vrai ça ! Il dort ? Il est encore bourré d’hier soir ou quoi ?

Christiane : Mon téléphone… Mais, c’est Daniel !… Allo, Daniel, mais tu es où ?

Daniel : Je suis enfermé dans ma chambre, je n’arrive pas à ouvrir la porte et il y a des gens qui font de la musique dans le salon.

Christiane : Mais comment sont-ils rentrés ? Pourquoi ils jouent leur musique à coin dans notre salon ? C’est gonflé ça ! Il est 06:00 du matin, bord…

Monique : Chut !!… Christiane !

Christiane : Mais ils ont les clés ? Comment c’est possible ? Venez ! Nous descendons ouvrir à Daniel. C’est fou, Ils entrent et ils enferment les occupants dans leur chambre. C’est fort ça !

Léa : Papa… j’ouvre la porte !

Daniel : Je vais faire un massacre !! … VOUS LA !! QU’EST-CE QUE CA VEUT DIRE ? DEHORS… TOUS DEHORS… LE PREMIER QUE J’ATTRAPE, JE L’ASSOMME… DEHORS… TOUS DEHORS… J’APPELLE LA POLICE !! …

La secte : C’est ici que nous serons seuls à l’abri de la fin du monde, avec vous les élus. Le feu sacré de Dieu épargnera cette maison. N’êtes-vous pas ses ouailles ? le fruit de l’amour de Jésus-Christ son fils, vierge et pur…? Chantez haut et fort pour que tous les anges du firmament vous entendent afin d’illuminer cette nuit d’amour qui réunit tous les Chrétiens fervents !

Daniel : Comment êtes-vous rentrés…?! je vais appeler la police si vous ne sortez pas immédiatement !

Carmen : Surement pas !! C’est assez compliqué comme ça ! Mais qu’est-ce que vous nous voulez ?

La secte  : Tenez-vous la main et criez votre grand amour pour Dieu! À genoux homme, à genoux devant le créateur, [indiquant Christiane] fais de cette femme une épouse aussi chaste et pure que Marie.

Christiane : … ?!

La secte : Homme, désormais tu te nommeras Joseph, du nom de celui qui a protégé et nourri Jésus, car je vous le dis, Dieu vous a choisis. C’est désormais toi [indiquant Christiane] femme, qui te consacrera à la prière éternelle, jour après jour, nuit après nuit, dans une ferveur sans fin.

Christiane : …?

La secte : Et l’Arc-Ange Gabriel t’apparaitra dans ton sommeil, et t’annoncera que tu auras un enfant, fruit de l’amour de Dieu.

[indiquant Carmen] C’est toi qui auras pour mission divine de récolter de l’eau bénite dans le désert et d’asperger jour après jour toute la famille en priant, afin qu’elle prospère dans la sainteté.

Carmen : …?

Christiane : Un enfant ? J’ai essayé pendant 10 ans, ça m’étonnerait que l’Arc-Ange Gabriel arrive à quelque chose.

La secte  : Vous parcourrez l’Andalousie, dans l’amour de Dieu pour prodiguer la bonne parole. Votre mission est désormais de changer le monde.

Daniel : …?

La secte  : Vous marcherez à la tête d’un troupeau, vous vous nourrirez de lait de chamelle et vous vous vêtirez de laine de mouton que vous filerez à la lueur des étoiles. Prospérez élus de Dieu ! Une nouvelle ère a commencé. Puisse votre chemin vous mener à l’immortalité, et puisse votre destin être celui des illuminés de ce monde.

Carmen : Moi je me tire, c’est bon là…

Christiane : Oui, je crois que ce n’est même pas la peine de discuter.

Daniel : Nous devrions prendre nos affaires et partir. Imagine que je me mette à me prendre pour un élu de Dieu !!

Monique : Ce serait la stupeur à La Chaux-de-Fonds… Remarque, si j’appelle Seb pour lui dire que je ne rentre pas et que je fais un pèlerinage à travers l’Andalousie avec les enfants, le fils de Dieu et un troupeau de chèvres, il vient personnellement me régler mon sort.

Carmen : Et Amélia, elle dort ?

Daniel : Oui, elle doit être habituée au bruit, ça ne la dérange pas. Léa va la réveiller ! nous repartons à la recherche d’une villa, prenez vos affaires et en voiture. Ne trainons pas ici.


Mais il n’y a plus de villas à visiter. Comme l’hôtesse l’avait précisé, le congrès de scientifiques norvégiens a saturé toute la capacité d’accueil de la ville. A 22:00, nos amis jettent l’éponge.


Sous le pont avec les clochards, lundi, 22:00

Daniel : … Je n’irai pas plus loin, j’ai les pieds endoloris, je suis crevé, fourbu, anéanti !! Pas possible de trouver en endroit où dormir. Heureusement que nous avons des sacs de couchage.

Léa : C’est super ici ! On est au bord de la mer !

Christiane : Au bord de la mer ? Sous un pont traversé par un ruisseau qui charrie les égouts de la ville et 4 clochards qui cuisent un animal embroché sur une tige de parapluie.

Monique : Ce n’est pas plutôt une béquille ?

Christiane : … Et pour finir le tableau, les matelas humides, marrons et éventrés sur lesquelles nous allons devoir dormir. C’est pire que tout… la merde sur le porte-serviettes… les viscères de poulet sur les mollets… la dent avec le nerf tout vrillé. Les matelas sont répugnants.

Daniel : Tu l’as déjà dit… Mais c’est quand même sympa de la part des clochards de nous les prêter.

Monique ; Seb va appeler pour prendre des nouvelles ! Je ne peux pas lui dire que ses enfants dorment sous un pont…

Daniel : Tu n’as qu’à dire que nous sommes dans une villa et qu’on a invité les voisins.

Monique : Il voudra parler aux petits.

Carmen : Oh, tu sais les enfants… tout leur parait normal. D’ailleurs ils ne posent aucune question.

Monique : C’est juste pour mieux mettre les pieds dans le plat au plus mauvais moment !

Carmen: Les clochards demandent si vous voulez manger un morceau de poulet.

Daniel : Ils sont gentils, mais je n’ai pas très faim. Leur vin est dégueulasse, j’ai trouvé deux mouches mortes dans mon verre.

Carmen : Et tes dents sont violettes, on dirait Dracula !

Christiane : Il a été grillé sur un fût d’essence, le poulet ? Tu crois que c’est du poulet des poubelles du supermarché ? C’est dangereux la salmonellose, je risque l’empoisonnement. C’est peut-être un rat qu’ils cuisent.

Monique : Oh, les vapeurs de kérosène du fût auront éliminé tous les germes…

Christiane : Tout ça me donne envie de vomir, je n’arrête pas de me gratter, ça pue l’urine. Les pires vacances de ma vie.

Carmen : Au moins ici, je n’entends pas parler des fantaisies flagellantes des Andalous, c’est déjà bien.

Daniel : Tu crois que c’est vrai que les fesses frissonnent ?

Carmen : Tu veux que je te dise Daniel ? Ce qui m’énerve le plus dans toute cette histoire, c’est ce regard lubrique que tu affiches depuis hier soir toutes les fois que quelqu’un mentionne une badine. C’est pénible à la fin. En plus, là, avec tes dents violettes…

Daniel: Oh ben… juste question de s’intéresser, rien de mal à ça…

Carmen : Non, rien de mal en effet, sauf que j’aimerais seulement qu’on arrête de m’en parler du matin au soir!

Monique : Mais pourquoi ça te trouble tant ?

Carmen : Ça ne me trouble pas, c’est juste que je ne vois et n’entends parler que de flagellation depuis 2 jours, additionné au reste, c’est insupportable et j’aimerais que ça cesse une fois pour toutes ! Et si je me mettais à crier « SODOMIE !! SODOMIE !! toutes les quinze minutes ?

Monique : Mais enfin tais-toi Carmen !! Qu’est-ce qui te prend de crier ça ?! Mais t’es folle ?

Carmen : Ben non, c’est naturel la sodomie !! Alors on peut crier  « SODOMIE !! SODOMIE !! Il n’y a pas de raisons !! Et après je te dis : mais dis donc Monique, c’est troublant que la sodomie te trouble tant.

Daniel : Crie tout ce de que tu veux, mais pas sodomie…

Carmen : Et bien, toutes les fois que j’entendrai « badine », ou « flagellation », je crierai « SODOMIE !! SODOMIE !! »… Vous êtes avertis !

Christiane : Carmen, je crois que ça risque d’aggraver encore nos problèmes si tu fais ça. Si en plus du reste, je dois supporter une sodomie, je te jure que je te fouette moi-même. Moi aussi je suis crevée, toute cette crasse.

Daniel : Et puis, c’est toi qui parles de flagellation et de sodomie depuis 10 minutes ! Je ne suis pas de bois moi, qu’est-ce que tu crois !

Carmen : Je l’ai dit une seule fois, et j’ai tout de suite noté ton regard, là, de lubrique, avec tes dents violettes…

Christiane : Les enfants, nous sommes crevés et c’est pour ça qu’on se dispute !!! Il est 02:00 du matin.

Daniel : Et j’ai sommeil. Mais ce matelas, il pue… Franchement, entre ça et 10 coups de badine sur un matelas propre, je choisirais la badine !

Carmen : « SODOMIE !! SODOMIE !!

Christiane : Mais arrête avec ça !!! Enfin Carmen !!! Ça va pas non ? Tu finiras par l’avoir ta sodomie si tu persistes à beugler ça par-dessus les toits.

Carmen : Ben quoi ? C’est naturel !

Monique : J’espère que cette conversation ne se gravera pas dans le subconscient des gosses pendant qu’ils dorment.

Carmen : Tout s’enregistre dans le subconscient des gosses Monique…

Monique : Ben dis donc, tu es agréable, toi ce soir… Bon… Bonne nuit !

Daniel : Elle est discrète, Amélia ! On ne l’entend pas !

Christiane : Pour une fois qu’elle peut dormir, elle en profite.

Daniel : Elle est grande copine avec Léa qui lui parle portugais, on ne l’entend pas beaucoup non plus d’ailleurs.

Carmen : Non, mais tu l’entendras un jour dire devant toi à sa maitresse que tu as promis de lui acheter des bottes de pute pour Noël.

Monique : Ouais… ça fait peur, si Nils lâche des anecdotes des vacances à l’école. .

Carmen : Je croyais que tu dormais ! Oh, au pire ils le prendront pour un gros menteur, ne t’inquiète pas.

Monique : Mais faudra quand même que je lui raconte cette histoire à Seb… Moi ça me gratte un peu, j’espère que ça n’est pas la gale.

Daniel : Bah, nous verrons demain. À chaque jour suffit sa peine. Bonne nuit Mesdames… Ouh ! mais il pue ce matelas. C’est une infection !!

Christiane : Le mien en plus il fait des petits bruits, j’ai l’impression que ça me chatouille sur les jambes.

Daniel : …Mais, il pue la merde aussi ? Le mien pue la merde !

Christiane : Tais-toi je vais vomir, argh !! Mais c’est quoi à votre avis qui fait ce bruit ? Vous entendez ?

Monique : Attendez ! Taisez-vous ! Chut !!! Ah… oui… ça fait « couic… couic… ». Oh, des souris je crois… Ben oui… regarde à tes pieds, il y a trois souris dans un trou, comme un petit nid.

Christiane : Je vais me réveiller… Je vais me réveiller…

Monique : Tu as vu Carmen ? Comme elles sont mignonnes ?


Mais crevés par les évènements des trois derniers jours, ils sombrent tous rapidement dans le sommeil…

… brutalement interrompu une fois de plus par les injonctions des services de l’ordre.


Sous le pont, mardi, 07:00

Les agents : Tout le monde debout ! Vos papiers, s’il vous plait !

Christiane : Mais quoi encore ? On vient de se coucher ! Mais ça va s’arrêter oui ?… On ne va pas survivre à ces vacances si on ne nous laisse pas dormir plus de 2 heures ! Qu’est-ce que vous voulez encore ?… Ohhh, mais… j’ai comme la gueule de bois… J’ai la tête lourde comme une pierre… Je n’arrive pas à ouvrir les yeux… Comme si j’avais bu de l’alcool !

Les agents : Permettez-nous un peu de perplexité lorsque nous arrivons dans un endroit habituellement peuplé de clochards et de rats et que nous y trouvons des touristes accompagnés d’enfants, Madame !

Christiane : Mais pourquoi j’ai mal à la tête comme ça…? On dirait carrément que j’ai la gueule de bois.

Les agents : Ne vous est-il pas venu à l’esprit que les mendiants sont souvent sujets à des maladies mentales et peuvent se révéler agressifs. Ne pouvez-vous pas aller dans un camping ?

Christiane : C’est bizarre … j’ai la tête qui tourne, mes jambes sont toutes molles.

Daniel : Mais ils sont tous fermés et les hôtels aussi, nous cherchons un hébergement depuis deux jours !

Les agents : Erreur ! Le Karmi-Ramah est encore ouvert ! Ce sera parfait pour vous et les enfants ! Allez !! Ouste !! Dites à Gomez que vous venez de ma part.

Carmen : Ah non hein !! Une chose est sure, nous n’irons pas au Karmi-Ramah, nous en venons figurez-vous ! Gomez fait courir ses clients nus le matin à 05:00 sur la plage, leur fait manger des galettes de son et pire encore !

Les agents : Oui, mais Gomez est vénéré comme un matador ici, c’est un honneur de le rencontrer !

Carmen : Oui, sauf que nous ne voulons pas être réveillés à 05:00 du matin à coups de corne de brume et la badine on s’en fout, ce n’est pas notre truc.

Les agents : Vous avez tort, venir en Andalousie et ne pas se faire flageller un peu les fesses, c’est comme aller à Paris et ne pas photographier la tour Eiffel.

Carmen : Si vous allez à Paris et que vous ne photographiez pas la tour Eiffel, moi je m’en fous ! vous pouvez tout aussi bien ne pas manger de fromage, je m’en fous aussi. Nous n’irons pas chez Gomez parce que nous voulons passer des vacances normales ! Habillés, sans fouets, sans galettes de son et sans jus de carotte… Juste la routine, quoi !

Les agents : Comme vous voulez Madame, je répète… vos papiers, s’il vous plait ?

Carmen : Mon sac !!! On m’a piqué mon sac !! Oh non !!!!

Daniel : On nous a tout piqué en fait…

Les agents : Fallait s’y attendre. Et qui dort ici, sous cette couverture ? Mais… il est mort ! Qu’est-ce qui s’est passé ? Qui est cette personne ?

Christiane : Mais, je ne sais pas. Il n’était pas avec nous. Mais quelle horreur, il est violet !!

Les agents : Ça vient d’arriver… le cadavre est encore chaud.

Daniel : Un clochard qui a dû se trouver mal pendant la nuit. Ils sont où les autres ? Ils se sont tous envolés ?

Les agents : Ils nous ont entendus arriver, qu’est-ce que vous croyez… Maintenant, tous dans le panier à salade… En vitesse !

Léa : On repart Papa ?

Nils : Moi ze veus pas de salade.

Iris : Moi j’aime pas ces vacances, c’est nul !!


Et oui… elles sont nulles ces vacances, et il semblerait qu’elles ne soient pas en passe de s’arranger.


Le panier à salade, journée du mardi

Daniel : Marre ! Marre ! Marre ! Ça fait 5 heures qu’ils nous baladent à travers la ville pour récolter tous les SDF avinés de la ville, des prostituées et des chiens pleins de puces, il fait une chaleur épouvantable ici-dedans.

Christiane : Avec un cadavre roulé par terre dans une couverture, tu oublies l’essentiel. J’espère qu’ils se décideront bientôt à le donner à une morgue, il va se mettre à puer de la pire des manières.

Iris : C’est vraiment trop nul ces vacances.

Monique : Nous aussi, on commence à puer d’ailleurs. Christiane, tes cheveux sont tous collés sur ta tempe, moi ça me gratte partout y compris dans la culotte. J’ose même pas regarder.

Christiane : Collés ? mais collés de quoi…? Mais c’est vrai ! …Mais [reniflant sa main] … c’est du… du… mais on dirait du……… Ah ! MON DIEU !!! Mais d’où ça vient ? Qui a… ? Quelle horreur !! … Mais j’en ai même sur ma jupe, Arghhh ! …mais c’est pas possible, j’ai pourtant regardé avant de me coucher !!

Carmen : Tu as surement mal vu, il faisait noir. Quelqu’un avait dû faire l’amour sur le matelas, ou alors…

Christiane : Alors ?

Carmen : Ben si tu as bien regardé avant, alors…

Christiane : Alors quoi ?!!

Carmen : C’est pas facile à dire… mais peut-être que pendant la nuit quelqu’un t’a trouvée à son gout et…

Christiane : QUELLE HORREUR… ARGH !!! Je veux me laver tout de suite ! J’exige de descendre avec la prochaine livraison de clochards et je demande à prendre une douche, beurk, beurk, beurk… et puis je veux rentrer à la maison, je n’en veux plus de ces vacances, je suis épuisée, je n’en peux plus !

Daniel : Peut-être qu’après il a fait une crise cardiaque.

Christiane : TAIS-TOI !!!, D’ailleurs si c’est lui, c’est bien fait pour sa gueu…

Monique : Chutt…

Christiane : TU M’EMMERDES, MONIQUE !! VOILA, C’EST DIT !!!! TU M’EM-MER-DES DEPUIS LE PREMIER JOUR DES VACANCES !! J’AI DU SPERME DANS LES CHEVEUX QUI PROVIENT SOIT D’UNE LOQUE HUMAINE, SOIT D’UN CADAVRE VIOLET ROULÉ DANS UNE COUVERTURE À MES PIEDS… MERDE… MERDE… MERDE…

Daniel : Moi aussi je veux rentrer à la maison ! Fini ! Dès qu’ils nous déchargent je prends un taxi et je vais à l’aéroport.

Christiane : Moi je me laverai les cheveux en attendant l’avion, et je prendrai un café pour diluer cette espèce de gueule de bois que je tiens. C’est affreux, je me sens horriblement engourdie, confuse, et j’ai envie de vomir… en plus avec ce sperme collé, là…c’est trop pour moi !!

Carmen : Mais ce n’est pas possible, nous n’avons plus d’argent et plus de passeports.

Christiane : Ah ! Une morgue ! ils débarquent le cadavre, c’est déjà ça. Messieurs les agents… j’ai besoin de prendre une douche tout de suite ! Laissez-moi sortir…

Les agents : Les seules douches que nous ayons sont les tuyaux d’arrosage avec lesquels nous aspergeons les clochards morts. Ce ne sont pas des douches privées.

Les agents : Alors, vous descendez ?

Christiane : Non ça ira, je me passe de douche finalement.

Les agents : Si vous ne voulez pas aller chez Gomez, vous pouvez toujours aller dans le centre d’accueil des miséreux des Saintes-Ursulines, elles sont gentilles… c’est sur notre route.

Daniel : Je pencherais plus pour le consulat suisse. Pouvez-vous nous y emmener ?

Les agents : Vous êtes dans un panier à salade, pas dans un bus touristique, Monsieur. Nous avons du travail !! Si vous voulez aller au consulat suisse, vous vous débrouillez. Nous, c’est le centre d’accueil des miséreux des Saintes-Ursulines ou rien.

Christiane : Il y a des douches ?

Les agents : Froides peut-être, mais oui.

Christiane : Alors soit.


Christiane, quand elle a du sperme dans les cheveux, elle ne s’inquiète du sort de personne.


Le centre d’accueil des miséreux des Saintes-Ursulines, mardi 17:00

Les sœurs : Entrez petits agneaux… Ne restez pas sur le seuil, les petits enfants, car Jésus a dit : « Laissez venir à moi les petits enfants »

Daniel : Ça commence bien.

Les sœurs : Venez mes sœurs… Voyez comme la providence nous a gâtées. Ces beaux enfants, ce beau Monsieur… ne ressemble-t-il pas à s’y méprendre à Saint-Joseph ? C’est troublant.

Daniel : …?

Les sœurs : Pensez-vous mes sœurs que l’on puisse lui trouver une soutane ? N’est-ce pas là un homme magnifique, en bonne santé, tout fait de bois vert, solide comme un roc ?

Daniel : Mes sœurs, on nous a volé notre argent et nous souhaitons nous rendre au consulat suisse. Pouvez-vous nous indiquer le chemin ?

Les sœurs : Le seul chemin que nous connaissons est celui qui mène à Jésus, dans l’attente de la résurrection. Vous prierez avec nous ce soir et demain à l’aube notre cloche vous réveillera pour l’office matinal.

Les sœurs : Chanterez-vous pour nous, Saint-Joseph ? Votre voix grave doit glisser sur les voutes de la chapelle comme un nuage d’orage roule dans le ciel.

Les sœurs : Possédez-vous un bel organe Saint-Joseph ?

Daniel : Mais… de quoi elles parlent ? Quel organe ? Ne me dites pas qu’elles… ?

Carmen : Mais non, t’emballes pas, elles parlent de ta voix.

Les sœurs : Ma révérente mère, pourrons-nous laver son corps afin que l’eau le rende aussi propre et doux qu’un nouveau-né ?

Les sœurs : Ma révérente mère, pourrais-je le dévêtir ?

Les sœurs : Et moi ? Ma révérente mère, pourrais-je le frotter à l’éponge ?

Les sœurs : Moi je voudrais laver son petit Jésus…

Daniel : Je ne voudrais pas médire, mais je trouve qu’elles me draguent un peu…

Christiane: Mais oui, c’est étrange. Bah… peut-être juste une chaste ferveur pour un beau Saint-Joseph.

Daniel : Mais je ne suis pas Saint-Joseph et je ne veux pas qu’elles me déshabillent, elles ont l’air un peu folles à me regarder comme ça. Et puis je me connais, je risque d’avoir une érection ! Avec la révérente mère qui regarde.

Monique : Elle te donne une érection la révérente mère ?

Daniel : Mais non, andouille, c’est mécanique, des fois ça vient comme ça avec l’inquiétude…

Monique : Devant la révérente mère, ce serait fâcheux quand même.

Carmen : C’est arrivé à un copain, il a eu une érection à une compétition de ski nautique.

Christiane : Et moi, un copain en a eu une pendant l’examen d’entrée au service militaire. À poil, en érection devant tout l’état-major.

Monique : Oui, mais devant une révérente mère…

La RM : Venez Monsieur, n’ayez crainte, mes petites agnelles vous rendront propre et frais comme au premier matin, elles sont douces comme le miel et se réjouissent de vous dévêtir…

Daniel : Mais… ne me dites pas qu’elles ne me draguent pas là…

Carmen : Mon dieu, c’est difficile à croire, mais on dirait bien. C’est curieux, il est vrai… Je crois que tu devras te faire à l’idée. Elles n’ont pas l’air de vouloir renoncer à faire ta toilette.

Christiane : Révérente mère… Auriez-vous la charité de nous permettre de laver notre corps de toutes ses immondes, ignominieuses, inqualifiables souillures ?

La RM : Bien sûr, Mesdames. Allez dans le jardin, il y a un puits. Mes filles vous apporteront des serviettes et un habit de modiale. Ensuite, vous partagerez notre repas du soir.

Carmen : Un habit de quoi ?

Monique : De bonne sœur.

Christiane : Moi ça me va. Allons-y !

Daniel: Eh… mais ne me laissez pas tout seul !

Christiane : Je crains qu’on ne puisse pas faire grand-chose pour toi, il faut que je me lave les cheveux, et au demeurant, je n’ai pas envie de te tenir la main pendant qu’une meute de nonnes ferventes t’astique le petit Jésus avec ardeur. Faudra être un bon garçon et prendre patience, Daniel… On se revoit tout à l’heure.

Monique : Allez ! Bisou, et bon bain… On pense à toi.

Carmen : Tu en rigoleras dans 20 ans.

Christiane : Bon, où est ce puits ?


La charité se décline de mille façons.


Le centre d’accueil des saintes-Ursulines, mardi 22:00

Léa : Mais il est où Papa ? Et Amélia ? Je veux dormir avec Amélia !

Monique : Ben oui, tiens! Mais où est donc passée Amélia ? On l’a oubliée sous le pont !

Carmen : Mais non, ça l’aurait réveillée tout ce bruit.

Nils : La dame avec la zolie culotte ? Elle ne dort pas avec nous ? BouaAAHHHH…ZE VEUS DORMIR AUSSI AVEC ELLE, c’est une zentille poute…

Monique : Oh la la !.. Chuut, mon chéri. Tu dormiras avec ta maman.

Nils : Naaooon… elles sont mosses tes fesses, et puis t’as pas une zolie culoooottteee…Ze veus Amelia…

Iris : De toutes façons, c’est nul ces vacances.

Carmen : Mais au fait, elle est où ? Elle est tellement discrète qu’on ne l’a pas vue partir.

Léa : Et Papa ? Il est où ?

Christiane: Oh ! Dès qu’il aura fini de manger il viendra nous rejoindre. Il est tôt, moi je vais dormir… Aïe… mais… Ils sont en bois les matelas ?

Les sœurs: Et oui mes enfants, nous sommes un ordre de sœurs pénitentes et nous dormons sur des planches. Vous pouvez rajouter des briques pour poser vos têtes, il y en a tout un tas dans le coffre en bois.

Christiane: Des briques ? Mais pour quoi faire ? C’est déjà assez dur avec les planches, non ? Au fait ma sœur… il est 22:00 passées, où se trouve notre compagnon ?

Les sœurs: Ne vous inquiétez pas, mes saintes sœurs vaquent à sa toilette.

Monique: Depuis 17:00 ? Mais…

Christiane: Je vais être franche, ne me dites pas ma sœur que vos consœurs sont en train d’abuser charnellement de ce brave homme ? J’ai cru comprendre tout à l’heure qu’il suscitait une certaine ferveur, et le doute m’a assailli quant à la nature de cette ferveur.

Les sœurs: Ah, la ferveur… Douce et exaltée ferveur. Nous sommes pénitentes et ferventes, vous avez raison ma fille. Je vous laisse quelques couvertures et un lumignon pour la nuit et je vous laisse… Je vais prier notre vaillant Saint-Joseph avec mes sœurs.

Christiane : … ?

Carmen: Vaillant ?… Tu crois qu’il tient le coup sans faillir depuis 5 heures ? Bon, bonne nuit les filles. Aïe, mais ce n’est pas possible un lit pareil.

Monique: C’est bizarre quand même cette histoire, je n’arrive pas à croire que des nonnes fassent une gang bang avec un touriste. Tout porte à croire que Daniel est dans une baignoire à se faire laver dans tous les recoins et qu’au passage il…

Christiane: … satisfait charnellement…

Monique ; des religieuses toutes ferventes ! C’est pas fou ça ?

Iris : C’est quoi une gang bang, maman ?

Monique : Un feu d’artifice en anglais… Fais dodo ma chérie. Bonne nuit tout le monde.

Carmen : Si ça se trouve nous nous inquiétons pour lui, et lui, il passe la plus belle soirée de sa vie.

Nils : Un zour, chuis allé à une gang bang avec mon babbo !

Monique : Ça fait six ans que je lui parle en italien, et rien, pas un mot. Là, il retient un mot anglais du premier coup, c’est frustrant tout de même… Nils ! le vrai nom c’est feu d’artifice, feu d’artifices, feu d’artifices, oublie le mot anglais !

Léa : Ouais mais « gang bang » ça sonne mieux.


Mais qu’a fait Daniel toute la nuit ?


Le centre d’accueil des Saintes-Ursulines, mercredi 07:00

Daniel : Quelqu’un peut m’apporter de l’eau ? J’ai la gueule de bois.

Léa : Papaaaa ! tu es revenu ?

Christiane : La gueule de bois ? Ne me dis pas qu’elles t’ont soulé ?

Carmen : Et puis raconte, tiens ! Qu’est-ce que t’as fait toute la nuit ? Elles t’ont quand même pas toutes…

Daniel ; Si toutes.

Carmen : Non… ? Toutes…?

Christiane : Combien ?

Daniel : Sœur Jacinta, sœur Marie-conception, sœur Carmen del Pilar, sœur Jesusita de la passion, sœur resureccion et plein d’autres aussi ; Soeur imaculada, la cuisinière, et la lingère. Énorme, la cuisinière, elle m’a sorti de la baignoire d’un seul coup de rein !

Monique : Pour quoi faire ?

Daniel : J’ai besoin d’un grand verre d’eau et je ne tiens plus sur mes jambes. … Léaaaa, ma chérie, tu apportes un grand verre d’eau à ton papa ?

Carmen : Mais enfin, raconte… C’est incroyable tout de même… Tu as couché avec une vingtaine de religieuses et tu… mais comment tu as tenu le coup pendant tout ce temps ? Raconte…! Mais raconte, enfin !… Comment t’as fait pour tenir 12 heures de suite ?

Monique: Ça arrive… moi j’avais un copain qui pouvait faire toute la nuit, à toutes les vitesses.

Daniel : Mais enfin, Mesdames, calmez-vous ! Est-ce que moi je vous demande de quoi vous êtes capables au lit ! Non, mais je rêve. Léaaa… le verre d’eau à ton papaaa… Aie, ouhh, j’ai mal partout… j’ai les reins moulus, mal à l’épaule et mes cuisses tremblent dès que je les soulève.

Carmen : Mais moi je n’en reviens pas que tu aies pu satisfaire tout le couvent.

Monique : C’est marrant, moi je t’aurais vu un peu mou.

Christiane : Et moi un peu poussiéreux au lit.

Carmen : Moi je l’aurais vu un peu mou aussi. Pas précoce, non, mais mou.

Daniel : Et bien non, je suis même très bien, voilà c’est dit ! Moi je reste à me reposer, mes Ursulines me veulent en forme pour ce soir. Vous, vous allez déjeuner et vous joindre à la prière, elles m’ont demandé de vous en informer, c’est fait. Bonne nuit et à ce soir… Léa… ? Merci pour l’eau ma petite pêche, fais un gros mimi à papa et sois sage.


Et pendant que Daniel se prélasse, et sombre béatement dans le sommeil, sourire aux lèvres.


Le centre d’accueil des Saintes-Ursulines, mercredi 12:00

Iris : Maman… ça fait des heures qu’on prie… Pourquoi vous êtes habillées comme ça ? On va pas rester ici, c’est nul, ici. C’est qui le vieux Monsieur en blanc qui nous parle tout le temps ?

Monique : Un curé, très vieux, c’est vrai.

Iris : C’est quoi un curé ?

Nils : Ze préférais l’autre maison, avec les zolies dames.

Carmen : Ah…l’office est fini, dès que nos vêtements seront secs, nous partirons. Je ne suis pas venue en Espagne pour me lever à l’aube et prier toute la journée. Je préfère encore être au travail, avec mon chef qui me casse les pieds.

Monique : Du calme… on va déjà manger, ensuite on réveille Daniel et on se casse.

Carmen : Habillées en bonnes sœurs avec Daniel dans sa soutane, éreinté de sa nuit ? Personne ne voudra nous louer une maison ! Ils se demanderont ce qu’on fout ! En plus… sans papiers, sans argent.

Christiane : Il vaut mieux attendre que nos vêtements soient secs, effectivement.

Monique : Mais vous croyez qu’on va devoir encore prier ?

Christiane : Non, après le repas, c’est le ménage, cirer le parquet à la brosse, faire briller les saints dans tous les recoins, frotter la suie des bougies…

Monique : Ah non, beurk, je déteste faire le ménage. Ne me dis pas que je vais devoir astiquer cet endroit ! Là, c’est trop ! Je préfère rentrer nettoyer chez moi à tout prendre. Mais où a-t-on entendu ça ? Cirer les parquets à la brosse ! Ça remonte au dix-septième siècle… personne n’a fait ça depuis. Et dire que chez moi je râle quand je dois mettre les draps à la machine.

Christiane : Et bien, moi ça me détendra, j’adore ça. Daniel copule comme un forcené, moi je cire le parquet de la chapelle avec ardeur, ça me va !

Monique : Ben, Christiane, ce n’est pas possible, ça. Comment peux-tu te réjouir à l’idée de… de faire le ménage, c’est une blague !

Christiane : Et bien non ! Quand je suis angoissée, je fais le ménage à fond pour me détendre. Là, en l’occurrence, j’ai une furieuse envie de calmer mes angoisses avec la brosse à cirer, c’est viscéral, il faut que je frotte. La vision de ce parquet magnifique, tout prêt à briller de mille feux sous mes mains m’appelle à m’agenouiller au plus vite et à le rendre beau comme au premier jour.

Monique : Moi je préfère encore me faire flageller, voilà !

Carmen : « SODOMIE !! SODOMIE !!

Christiane : Ah ben ici, tu peux crier tant que tu veux. À part Daniel qui a d’autres priorités pour le moment, je ne vois pas qui pourrait venir nous menacer de sa flute.

Monique : Et si les sœurs t’entendent, tu es bonne pour le pain sec.

Carmen : Je ne trouve pas que les bonnes sœurs soient bien placées pour me faire la morale, elles sautent en bande sur le premier touriste venu et en abusent toute la nuit. Si elles s’effarouchent pour la sodomie, c’est le monde à l’envers !

Monique : Oui, mais la sodomie, c’est contre nature pour la bible, par contre il n’apparait nulle part que faire l’amour à plusieurs soit proscrit. Peut-être que les sœurs ont pris ça au pied de la lettre, et que dès que l’occasion se présente…

Christiane : Si ça se trouve. Ah… On m’apporte la cire ! À moi le parquet de mes rêves. Je vous laisse Mesdames, nous nous retrouverons après les corvées.


8 heures plus tard…

après avoir lavé les robes du curé dans la rivière, frotté les vitraux à l’alcool ;

coupé le bois, fait des fagots, décrotté la métairie à la brosse en fer, trait les vaches ;

lustré les statuettes de la crèche, l’argenterie de l’office et les cristaux des abats-jours ;

dépoussiéré et ciré tous les saints de la chapelle, encaustiqué le parquet en chêne ;

Lessivé et essoré les draps en lin à la batte ;

pelé 8 kg de pommes de terre.


Le centre d’accueil des Saintes-Ursulines, mercredi 22:00

Monique : Je veux rentrer à la maison… Daniel ! Tu es là ? Mais il est où encore ?

Christiane : Je pense qu’il refait une petite toilette.

Monique : Mais… elles vont le tuer à force de… C’est impensable qu’il recommence après la nuit d’hier.

Carmen : Peut-être qu’il est comme ton copain qui tient toute la nuit à toutes les vitesses.

Monique : Oui, mais il n’y avait que moi. Là, elles sont une vingtaine !!

Carmen : Tu crois qu’elles lui font toutes sortes de trucs ?

Christiane : Ben dis donc Carmen… ça te stimule l’imagination.

Carmen : En fait, Daniel est en train de passer les plus belles 24 heures de sa vie. Vous aimeriez ça ? Une vingtaine de mecs charmants qui vous lavent des pieds à la tête avec douceur et en vous prodiguant au passage des caresses coquines ? Eh bien moi oui ! Si ce sont de beaux hommes bien élevés avec beaucoup de fantaisie… Je veux bien passer une nuit avec eux !

Christiane : Il suffit juste de rassembler 20 hommes, beaux, agréables, polis et imaginatifs. Ca fait 15 ans que j’en cherche un comme ça et je l’attends encore.

Carmen : Et nous, nous avons passé la journée à quatre pattes entre les bancs de la chapelle à frotter de la suie. Bon, un bon point, je n’ai pas entendu parler de badine depuis 24 heures, mise à part la tentative de Monique et tout le monde ici semble en ignorer l’existence. Croyez-moi, c’est appréciable.

Monique : Oui, toi tu préfères les partouzes. Moi, ça me va pas, je préfère largement l’idée de la badine, même si j’ai jamais essayé.

Carmen : Mais j’ai jamais fait de partouzes non plus ! Mais c’est comme toi, ça m’interpelle !

Christiane : Et Daniel ? Faudra trouver un fauteuil roulant pour transporter ce qui reste de son corps vaillant.

Carmen : Faudra quand même qu’il nous raconte, l’égoïste !

Monique : Ben oui, tiens ! J’ai frotté des saints toute la journée pendant que lui se reposait de sa folle nuit sur le seul matelas du centre. Et là il est reparti de plus belle se faire dorloter la nouille pendant que nous dormons sur des planches. Moi aussi, j’ai les reins moulus, je déteste faire le ménage, je veux rentrer… Nos vêtements sont presque secs, demain on s’en va chercher le consulat.

Christiane : Moi j’aimerais bien m’attaquer aux bancs de la chapelle, ils ont l’air tout ternes sur ce parquet magnifique, ce serait dommage de partir demain matin.

Monique : Christiane ! Si ta conception des vacances est de faire le ménage, habillée en nonne, c’est ton problème pas le mien. Moi je pars demain, on va en finir avec cette histoire et rentrer chez nous. Je ne sais même pas ce que je vais raconter à mes collègues lundi ! Je vais devoir inventer toute une histoire !


Il aura fallu beaucoup d’efforts de persuasion pour convaincre les sœurs de laisser partir Daniel qui ressemble tant à Saint-Joseph, tout fait de bois vert, solide comme un roc.


La rue, jeudi 10:00

Christiane : Elles ne prieront plus Saint-Joseph mais Saint-Daniel dorénavant !

Carmen : Les sœurs étaient prêtes à te suspendre à côté de Jésus. Tu as suscité une grande dévotion, qui l’aurait cru ? Sœur resurreccion qui t’embrassait les genoux, Sœur imaculada qui te tendait du vin…

Monique : Bon Daniel… c’est moi qui te pousse ! Ferme ta soutane, on voit tes cuisses.

Iris : Maman, il est malade Daniel ?

Monique : Non, très fatigué, il a fait la fête toute la nuit et il ne peut plus marcher.

Léa : Ben Papa, tu disais que tu n’aimais pas danser. Tu as beaucoup dansé alors ?

Daniel : Monique, le trottoir, aie… doucement, mes fesses… Oui, j’ai dansé avec toutes les sœurs, toute la nuit. Elles adorent danser, aie, les pavés…Monique… Attention…

Monique : Ferme ta soutane, Daniel… on voit tes coucougnettes !

Daniel : Mais qu’est-ce qu’elles ont bien pu faire avec mon pantalon et mon slip ? Une relique ? Dans un caddie, habillé en curé, ils ne vont pas nous laisser entrer dans le consulat.

Monique : Surtout si tu persistes à écarter les cuisses.

Daniel : Si je les serre, elles se mettent à trembler, si je les lève aussi. Ca doit être la soutane d’un curé tout maigre, je n’arrive pas à tout couvrir quand je suis assis.

Carmen : Ben tant pis, alors… Si ça ne te dérange pas de te promener dans ces conditions… Je peux prendre une photo ?

Daniel : Non !

Nils : On est bientôt arrivés, maman ?

Iris : Tout le monde nous regarde…

Monique : Ah oui… Trois femmes et trois enfants qui poussent un curé déculotté et tremblant qui écarte les cuisses dans un caddie, personne ne veut rater ça à Malaga.

Carmen : Au fait, Daniel, raconte ta nuit là !

Monique : Les enfants trainent derrière, profites-en.

Daniel : Mais c’est intime !

Carmen : Non ! Vous étiez au moins 20 ! Ce n’est pas intime, nous, pendant ce temps, on récurait, la moindre des choses, serait de nous régaler avec une histoire coquine. Vingt religieuses… elles ont gardé leur coiffe ?

Monique : Tu es resté longtemps dans la baignoire ? Et pourquoi la cuisinière t’en a sorti d’un coup de rein ? Tu n’as pas répondu hier…

Carmen : Et la grosse cuisinière ? Tu l’as aussi…?

Daniel : Ah… une force de la nature, cette femme, je n’en avais jamais vue de si grosse toute nue. Je comprends maintenant les hommes qui aiment les femmes fortes, c’est comme être tout petit tout fragile dans les bras d’une énorme tante parfumée et bien moelleuse. J’aurais appris beaucoup de choses pendant ces vacances. Qui l’aurait cru.

Carmen : Et alors ?

Daniel : Alors rien du tout ! Est-ce que moi je vous demande ce que vous faites au lit ? Vous feriez rougir un âne avec vos questions, non mais… aie, Monique… évite de passer sur les grilles.

Carmen : Ah ! Monsieur… Monsieur… S’il vous plait, où se trouve le consulat suisse ?

Le monsieur : Vous êtes suisses ? Moi aussi je suis suisse !

Carmen : Super ! Vous savez donc où se trouve le consulat suisse ?

Le monsieur : Il n’y en a pas à Malaga. Il a fermé. À Madrid, il y a une ambassade.

Daniel : A Madrid ?

Le monsieur : Eh oui ! Ça fait 10 ans que le consulat a fermé ici. Mais monsieur le curé… Vous êtes suisse aussi ? Pourquoi êtes-vous assis dans un caddie ? Vous n’avez pas de sous-vêtements ?

Daniel : Je ne suis pas curé, et oui, je suis suisse aussi. Les sœurs du centre d’accueil des Saintes-Ursulines m’ont gentiment prêté une soutane. On nous a volé toutes nos affaires, c’est pour cela que nous cherchons le consulat, nous avons besoin de passeports et d’argent pour rentrer chez nous.

Le Monsieur : Mais vous êtes souffrant ?

Carmen : Non crevé ! Ses cuisses tremblent de fatigue dès qu’il se met debout, mais c’est transitoire, une bonne nuit de repos, un bon repas, et il tiendra sur ses jambes comme n’importe lequel d’entre nous.

Le Monsieur : Et bien tant mieux. Venez chez moi, vous pourrez appeler en Suisse.


C’est déjà ça, ils pourront organiser leur départ.


Chez le Suisse, jeudi 12:00

Le Monsieur : Cordulaaa… nous avons de la visite.

Cordula : Hans-Friedrich, c’est toi ? …Oh, un curé ? Bonjour mon père ! Mais vous êtes blessé ?

Le Monsieur : Mais non, Cordula. Il est juste très fatigué. Et pourquoi êtes-vous dans cet état au fait ?

Daniel : J’ai prié toute la nuit, j’ai passé la nuit agenouillé, et j’ai des courbatures. Mais… pourrait-on utiliser votre téléphone ? Samedi notre avion nous attend et nous devons nous faire envoyer des papiers et de l’argent.

Cordula : Bien sûr, permettez-moi de vous pousser… Mais, vous êtes fort bel homme, comment vous appelez-vous ?

Daniel : Euh…Daniel.

Cordula : Daniel… on voit votre gland…

Daniel : Oh, pardon. La soutane est trop petite et mes genoux tremblent dès que je les serre. Pourriez-vous me prêter un slip de votre mari ?

Cordula : Les slips de Hans-Friedrich ? Il n’en a qu’un seul, et puis j’aime bien voir votre gland. Je peux le toucher ?

Daniel : Euh, mais… enfin madame…

Cordula : Tout rond, dodu comme je les aime… Je peux le voir de plus près ?

Daniel : Cordula… euh j’ai beaucoup de choses à faire.

Cordula : Ah, c’est vrai, vous devez appeler la Suisse… Je vous laisse.


Ça a l’air de repartir de plus belle pour Daniel, sauf que…


Aparté Carmen, Daniel, Monique, Christiane

Daniel : Je ne veux pas qu’elle me touche le gland !

Carmen : Ce gland restera dans l’histoire de l’Andalousie.

Christiane : Oui, c’est drôle que j’aie côtoyé si longtemps Daniel sans remarquer le pouvoir d’attraction de son gland.

Daniel : Cordula me fait des avances. Elle a des drôles de façons, elle me regarde bizarrement.

Monique : Et puis ce corset en cuir…

Daniel : Tout boudiné…

Daniel : Vous ne trouvez pas qu’elle a l’air d’une…

Monique : Un peu oui…

Christiane : D’ailleurs elle sent comme l’eau du vase des fleurs.

Monique : Toute la maison a une odeur bizarre, d’ailleurs…

Daniel : Bref, je n’ai aucune envie qu’elle me touche le gland.

Carmen : Tu es trop fatigué, elle s’évertuerait pour pas grand-chose.

Daniel: Justement, je n’ai pas envie de la voir s’évertuer.

Carmen : Mais ce n’est quand même pas possible, ça ! C’est quoi ce pays de fous ? En 40 ans de vie, j’ai croisé un seul gars un peu désaxé à mon gout.

Monique : Oh !… Il voulait faire quoi ?

Carmen : Au cœur de l’action, il m’a agrippé par les cheveux et m’a donné une grande claque sur le cul… J’ai mis trois mois à m’en remettre.

Monique : Mais tu as fait quoi ?

Carmen : J’ai remonté brutalement la tête et je lui ai pété le nez. Je l’ai pas fait exprès, la surprise, je pense.

Christiane : Bien fait, non mais !

Carmen : Et je me retrouve en quelques jours confrontée à des flots de pervers de tous bords, Gomez le matador de la badine, le commissariat plein de sado-maso, les bonnes sœurs assoiffées de sexe…

Monique : Oh ben elles ont été mignonnes avec Daniel… C’est pas très grave, ça. Tu disais hier que ça te plairait bien toi vingt hommes courtois et coquins.

Carmen : Oui, mais là c’était des religieuses quand même.

Daniel : Vous vous égarez mesdames ! En plus, elle m’a laissé entendre que Hans-Friedrich n’avait qu’un seul slip.

Carmen : Et pourquoi elle te parle du slip de Hans-Friedrich ? J’espère qu’il ne voudra pas nous en faire profiter. …Ce n’est pas possible cette soutane Daniel, on voit tout le temps tes coucougnettes ! Il ne peut pas te prêter un pantalon Hans-Friedrich ?

Daniel : Il mesure un mètre cinquante.

Carmen : Oui, mais il est gros, au moins tu seras décemment boutonné. Ce n’est pas grave si les pantalons sont un peu courts, ce sera mieux qu’une soutane avec ton petit Jésus qui attise les convoitises de toute la région, regarde ce que ça t’amène !


À tout prendre, un pantalon de Hans-Friedrich, ça n’aurait pas été plus mal.


Chez le Suisse, à table, jeudi 13:00

Carmen : Roooh !… Ça te moule, je te dis pas… Avec ta façon de te tenir le bassin en avant en plus, tout le monde va fixer ta nouille, on ne voit plus que ça. Mauve en plus.

Daniel : Non Hans-Friedrich, ce n’est pas possible… Je ne peux pas sortir comme ça. Donnez-moi un pantalon, même court, c’est égal.

Hans-Friedrich : Vous savez, j’ai un rapport très charnel avec mes vêtements. Je n’ai que deux pantalons, je ne les lave jamais, et tous les soirs, Cordula et moi nous repaissons des effluves nouvelles qui émanent du tissu encore tiède.

Daniel : … ?

Monique : Euh… je préfèrerais que l’on aborde d’autres sujets… les enfants sont à table avec nous.

Christiane : Moi aussi je préfèrerais.

Hans-Friedrich : Vous ne mangez pas, les enfants ? Vous n’aimez pas la choucroute ?

Carmen : Ah voilà… C’est ça l’odeur !

Iris : C’est acide, et c’est quoi ça ?

Daniel : Du lard et de la langue de bœuf.

Iris : J’en veux pas.

Nils : J’ai goûté. C’est dégueulasse.

Léa : Ça pue, c’est une infection…

Monique : Ne prenez pas ça pour vous, Cordula, mes enfants ont grandi à Toulouse, ils n’ont jamais gouté de choucroute. Quant à Léa, elle préfère les choses simples.

Daniel : Mais elle est très bonne votre choucroute.

Christiane : Oui, j’en mangerais pas tous les jours, mais celle-là, elle est bonne.

Hans-Friedrich : Comme vous.

Christiane : Pardon ?

Hans-Friedrich : Ben oui, vous êtes bien bonne, toute dodue, bien blanche, vous êtes une vraie rousse ?

Christiane : On va arrêter là, Hans-Friedrich !

Daniel : Nous allons nous retirer pour faire la sieste si vous le permettez, nous avons très peu dormi ces derniers jours et après tout, nous sommes en Andalousie : la sieste, c’est sacré !


Dans certaines conditions, il est difficile de faire la sieste.


Chez le Suisse, la sieste, jeudi 14:00

Monique : Il exagère à nous raconter sa vie sexuelle à table, franchement !

Daniel : Ça fait froid dans le dos oui ! Cette histoire de renifler des pantalons qui puent, c’est bien la première fois que j’entends un truc pareil !

Christiane : Encore un commentaire du style et je lui donne une baffe.

Carmen : il est sur la lancée, ça va être dur de le calmer… Le souper va être sympa.

Christiane : Tu crois qu’ils vont nous proposer des trucs ?

Daniel : Pas avec Cordula, exclu ! En plus avec une culotte sale.

Christiane : Et Hans-Friedrich, c’est mieux tu crois ? Il m’horripile, Beurk… J’ai eu une vision de lui qui sortait son sexe !

Carmen : Avec tout ce qui nous arrive, tu vas encore imaginer des trucs ?

Christiane : Mais ça m’est venu comme ça, tout d’un coup, je l’ai vu fouiller dans son pantalon. J’ai cligné des yeux, et rien, tout était normal.

Carmen : Manquerait plus que ça, non mais dis donc !

Daniel : Demain les passeports et l’argent arrivent par courrier express, la semaine est presque terminée. Lundi nous serons contents d’aller travailler, c’est déjà ça !

Carmen : Tu as quand même eu un intermède agréable, tu ne peux pas te plaindre, la plus belle partie de jambes en l’air de ta vie sur fond monastique; ça vaut bien une semaine de fou !

Daniel : Les lits sont sympa, profitons-en… Reposons-nous un peu.


Effectivement, Hans-Friedrich, quand il est sur la lancée…


Chez le Suisse, à table, jeudi 22:00

Hans-Friedr. : Allez vous coucher, les enfants ! Une bonne nuit de repos vous fera du bien.

Monique : Vous savez, ce n’est pas si simple Hans-Friedrich, je vais les accompagner. De toutes façons, je ne prends jamais de dessert.

Cordula : Je viens vous aider ! …

Hans-Friedr. : Ne la trouvez-vous pas magnifique ma Cordula ?

Daniel : Euh… oui… très… euh… sexy.

Hans-Friedr. : Quand je l’ai rencontrée, elle aidait son père à charger le foin. Je regardais ses reins trempés de sueur, et j’ai senti une envie folle de la posséder.

Christiane : Nous y sommes.

Hans-Friedr. : Nous avons quitté la Suisse pour explorer le chemin de nos sens. Nous avons vécu en Californie, en Suède, au Japon, en Côte d’Ivoire, et maintenant nous parcourons les mœurs andalouses. Je pourrais vous faire profiter de mon expérience, vous montrer les mille façons d’aimer que les hommes pratiquent tout autour de notre planète.

Christiane : Non, ça va aller merci !

Daniel : Vous savez, nous sommes suisses, juste de bon suisses ennuyeux au lit. Ma copine n’arrête pas de se plaindre, des fois elle s’endort.

Christiane : Moi c’est pareil, je suis expéditive, mais j’adore faire le ménage par contre.

Hans-Friedr. : C’est bien pour ça que j’ai quitté le pays, je dois dire. Le ménage… toutes ces femmes incapables de faire l’amour avant les corvées domestiques, qui vous imposent de ranger tous vos vêtements sur une chaise avant de vous coucher et qui vous demandent de rapporter le verre d’eau à la cuisine parce que « ça fait désordre » ce sont les pires…

Christiane : Oui mais…

Hans-Friedr. : Mais vous Madame ? vous êtes espagnole ?

Carmen : Mes parents sont des Asturies.

Hans-Friedr. : Toute dorée et brune… Vos fesses doivent faire des ravages, elles se prêtent à merveille à une délicieuse coutume locale. Il s’agit de flageller un cul très vite à l’aide d’une petite badine jusqu’à qu’il soit tout chaud et tout tendre. C’est un art croyez-moi ! Et l’Andalousie regorge de spécialistes ! Mon copain Gomez est mondialement connu pour…

Carmen : On sait, mais on s’en tape !

Hans-Friedr. : Ah ! Vous en avez entendu parler ? Il a dû faire rougir les fesses à toute la population… Les touristes affluent pour le voir à l’œuvre… Je pourrais l’inviter pour une petite session, ça lui ferait plaisir de vous initier.

Carmen : Non, merci.

Hans-Friedr. : Et votre amie ? Rousse et dodue… trop bon ça ! Elle aime faire le ménage…

Christiane : … ?

Hans-Friedr. : Le feriez-vous pour nous ? Ursula peut vous prêter un costume de manga… toute coquine avec des couettes… et pas de culotte. Et vous faites le ménage, vous tourbillonnez, les fesses souples et tendues, avec votre petit plumeau… et vous vous trémoussez en vous penchant sur le sofa…

Christiane : … Je dois être en train de rêver.

Daniel : Hans-Friedrich, c’est très charitable de nous accueillir mais personne ici n’envisage des relations sexuelles avec vous et votre charmante épouse, nous ne sommes pas échangistes !

Hans-Friedr. : Même pas en vacances ?

Monique : Ça y est, tous les enfants dorment. Qu’ai-je manqué ?

Hans-Friedr. : Cordula et moi souhaitions vous convier à une petite partouze, ça vous dit ?

Monique : Ouh là, non merci. Je préfère sauter par la fenêtre, je suis très nulle au lit, vraiment, ça vaut pas le déplacement. Et puis pourquoi vouloir forniquer avec des Suisses alors que l’Andalousie regorge de créatures chaudes et exotiques ?

Daniel : Voyez… un Suisse reste un Suisse, même en Andalousie… Moi, j’ai de gros problèmes érectiles… ce ne serait pas agréable pour ces dames.

Hans-friedr : Ne dites pas ça malheureux ! Êtes-vous en train de me dire que vous ne savez pas contrôler vos érections ?! Un bel homme comme vous ?

Daniel : … ?

Hans-friedr : Je vais vous montrer ce qu’il faut faire. [Il défait sa ceinture, tire son sexe de son slip et le pose sur la table]

Christiane : Argh… Il l’a fait ! Comme dans ma vision !

Carmen : Là je crois que je vais m’évanouir.

Daniel : Mais enfin, Hans-Friedrich !!

Hans-friedr : {balayant la table à grands coups de queue] Je vais vous montrer ce qu’il faut faire pour muscler votre périné. Regardez ! À la vitesse d’un essuie-glace ! Ce n’est pas fabuleux, ça ? Et vous savez pourquoi ?…

Daniel : Euh…

Hans-friedr : Parce que j’entraine mon périnée. Comme ça, plus de problèmes d’érections, fini ! Toujours dur comme à 20 ans… hé… hé… hé… Sortez votre engin Daniel, nous allons nous entrainer ensemble !

Daniel : Hans-Friedrich, mais vous êtes complètement fou !

Hans-friedr : Mais non, branlez-moi un peu Daniel {attrapant la main de Daniel pour la porter à son sexe] ! vous avez un poignet très vigoureux, ça ne m’a pas échappé vous savez. Regardez, du pur salami de ferme, c’est pas beau ça ? Et Regardez comme elle devient dure.

Daniel : {retirant brutalement son bras] Ça ne va pas non ? Sale pervers !… Touchez-moi encore et je vous assomme !

Hans-friedr : M’assommer, non, mais peut-être pouvez-vous me fesser un peu ? Attendez ! Je me retourne…

Daniel ; Mon Dieu !!! Non, surtout pas ! Nous allons nous coucher, et demain matin nous partons ! C’est trop là !

Christiane : Non, mais vous vous rendez compte Hans-Friedrich, des propos que vous tenez, et de… de… mais ?… Cordula .. ?

Hans-friedr : [Massant ces testicules] Mais en maitrisant votre périnée, Daniel, vous pourrez satisfaire une femme des heures durant, sans fléchir, vaillant et vigoureux…

Christiane …Mais ! Arrêtez ça !!! Mais Cordula ? Mais enfin… Qu’est-ce que vous faites ?

Cordula : [Se déshabillant] Quand Hans-Friedrich sort son engin, je ne peux pas me retenir il faut que je me deshabille. Nous sommes très fusionnels vous savez.

Christiane : Arrêtez ça, tout de suite, nous allons nous coucher, et après vous ferez ce qu’il vous plaira.

Cordula : Laissez-vous tenter !

Carmen : Ah non !!! Beurk !!

Hans-Friedrich : Vous, belle asturienne, savez-vous que je mignote les chattes comme personne ?

Carmen : La belle asturienne vous envoie vous faire foutre !

Hans-Friedrich : Ah ! Mon Dieu comme je suis excité, je n’en peux plus, faites-moi plaisir, prenez une badine et fouettez mes fesses Carmen ! Très fort, car je suis très méchant, je mérite d’être puni sévèrement, très sévèrement…

Carmen : OK ! Passez-moi une badine…

Daniel : Ben… Carmen… ?

Carmen : Il veut, alors il l’aura.

Daniel : Mais enfin ! Tu ne vas quand même pas… ?

Carmen : Si, je vais le fouetter jusqu’à ce qu’il crie grâce, jusqu’à ce que ses vilaines fesses soient en compote, jusqu’à ce qu’il me supplie de ne pas le tuer.

Christiane : Tu es folle oui ! Laisse tomber ! tout ce qu’on va y gagner c’est de finir devant un tribunal.

Carmen : Mais non puisque tout le monde fait ça, ça n’a rien d’illégal !Passez-moi une ceinture ! [Défaisant la sienne} Allez Hans-Friedrich, je vais vous donner une correction dont vous vous souviendrez longtemps ! Venez là mon bonhomme !

Daniel : [Lui arrachant la ceinture des mains} J’en ai assez vu comme ça… Tu arrêtes ça tout de suite !

Carmen : Il paiera pour les autres.

Monique : C’est une très mauvaise idée, il va se mettre à crier et il va réveiller les enfants.

Daniel : En plus, je ne veux pas voir ça ! Mais quelle horreur !

Carmen : Mais moi j’ai envie de fouetter !

Christiane : On te l’a proposé au moins dix fois dans les quatre derniers jours, tu n’as jamais voulu. Maintenant tu viens te coucher, point final. On ne va pas en rajouter quand même !

Daniel : Mesdames !! au lit !


Christiane tient quand même à faire remarquer que le ménage est une vertu.


Chez le Suisse, dans la chambre, jeudi 22:00

Monique : Je ferme la porte à clé et on va mettre une chaise contre la poignée. Ils sont enragés ces gens-là.

Carmen : Je vous jure que ça m’aurait fait du bien de lui donner une bonne correction !

Daniel : Je suis choqué, j’ai failli toucher cette nouille hideuse ! Quelle horreur, on dirait un concombre de mer ! En plus… Cordula qui se déshabillait… Ah non, je pourrais pas !

Monique : Et son sexe, quelle horreur !… Mais quel toupet de le sortir et de balayer la table avec. Si au moins il avait pris soin de l’épiler un peu, on aurait dit celui d’un vieux gorille des montagnes !

Daniel : Le toucher ! Beurk… beurk… beurk. Non mais où a-t-on vu ça ? J’aurais dû lui mettre une gifle, tiens… Où il se croit lui ?

Carmen : Et son histoire de soubrette en manga, sans culotte… Quel culot ! Non mais !

Christiane : {rêveuse] Et en plus, c’est mieux quand l’air est frais, et le lit en vrac, ça fait désordre…c’est insupportable aussi. C’est comme les slips encastrés dans les draps ou les vêtements éparpillés sur le parquet. Une fois un coin du drap avait trempé dans un verre d’eau que monsieur avait laissé trainer sous le lit, quand j’ai tiré le drap, j’ai pris le coin mouillé sur la figure. Je l’ai jeté de la maison, manu militari, jamais plus je ne l’ai revu, non mais !!

Daniel : Christiane ! Tu vas pas nous parler ménage là !

Christiane : Si, ça me détend !

Carmen : Le mec ? Tu veux dire que tu l’as viré ?

Christiane : Je lui ai balancé ses vêtements par la fenêtre, dans la neige !

Daniel: C’est dur ça…

Monique : Ben, dis donc ! Moi qui laisse tout trainer !

Christiane : L’hygiène, c’est sacré, tolérance zéro en ce qui me concerne. Le soir, les pantalons impeccablement pliés sur la chaise, et les savates, parallèles, cachées dessous. S’il y a des miettes sur la table et qu’il y a quelque chose de sale dans le lavabo, je ne peux pas envisager de rapports sexuels. Le mieux est quand j’ai fait le ménage toute la journée et que l’appartement est impeccable dans tous les recoins.

Monique : Et tu en as jeté beaucoup dans la neige ?

Christiane : A la louche, un sur deux… Hervé, le pire de tous, il avait un morceau de PQ collé sur le gland.

Monique : Il ne fallait pas se prendre la tête pour ça, tu n’avais qu’à l’entrainer sous la douche !

Christiane : J’ai pas réfléchi plus loin, j’ai eu comme un coup de sang, et il a fini à poil dans la neige.

Monique : Entre toi qui défenestres des hommes nus à tour de bras et Carmen qui leur pète le nez…

Carmen : Ça m’est arrivé une seule fois. … T’exagères ! Je pète pas le nez d’un mec sur deux que je rencontre !

Daniel : Mesdames, je ne saurais que vous conseiller de vous reposer un peu. Demain, nous filons à la poste, et ensuite à l’aéroport.

Monique : Mais… ils ne nous laisseront passer la nuit à l’aéroport ! Où va-t-on dormir demain soir ?

Daniel : Moi je retourne chez les sœurs !

Christiane : Moi aussi, je m’attaque aux bancs de la chapelle.

Monique: Moi non ! je préfère encore le Karmi-Ramah. Les parquets à la brosse ! Et puis quoi encore !

Carmen : Moi si je retourne au Karmi-Ramah, j’empoigne une grosse branche bien verte et je cravache à tour de bras toutes les personnes que je croise, mais tellement fort qu’ils regretteront amèrement le doigté andalou. Si je dois passer une heure de plus à prier Jésus avec un prêtre croulant pendant que Daniel nique tout le couvent, je jure que je chante à tue-tête des chansons paillardes. Non, je passerai la journée à l’aéroport et après on verra. Bonne nuit à tous…

Daniel : Tant pis ! Bonne nuit mesdames.


Et rebelote


Chez le Suisse, dans la chambre, police de la répression des fraudes sur Internet, vendredi 05:00

La Pol. RFI : Police de la répression des fraudes sur Internet ! Tout le monde debout !!

Christiane : Mais… Quoi internet ? Qu’est-ce qui se passe encore ? Il est quelle heure ? On n’a pas internet, on est en vacances, vous devez faire erreur voyons ! Laissez-nous dormir, c’est usant à la fin !

Nils : Maman… Pourquoi c’est toujours la police qui nous réveille ?

Iris : Ouais, c’est nul ces vacances.

La Pol. RFI : Monsieur, vous et votre épouse êtes accusés des chefs suivants : diffusion d’images à caractère fétichiste sur internet  et vente de sous-vêtements à caractère également fétichiste sans licence appropriée.

Daniel : Je n’ai jamais vendu de vêtements à qui que ce soit, et au demeurant je n’ai pas d’épouse.

La Pol. RFI : C’est elle sur les vidéos, j’en suis sûr.

Christiane : Vous avez tort, ce n’est pas possible. Et peut-on voir ces vidéos, que l’on lève le malentendu ?

La Pol. RFI : Suivez-nous au poste ! De qui sont ces enfants ?

Monique : Les miens.

La Pol. RFI : Ils habitent ici ?

Monique : Mais non, nous n’habitons pas ici. C’est la maison d’un couple de Suisses qui nous a accueillis pour la nuit.

La Pol. RFI : Hans-Friedrich et Cordula Hübschaffekruppe ?

Monique ; Oui, et ils sont où d’ailleurs ?

La Pol. RFI : Il n’y a personne d’autre dans l’appartement. Vos papiers s’il vous plait !

Daniel : Volés. C’est pour ça que Hans-Friedrich nous a recueillis, mais ils sont peut-être partis faire les courses ?

La Pol. RFI : A 05:00 du matin ? Mais moi il me semble que c’est cette dame la belle rousse sur les vidéos.

Christiane : Monsieur l’agent de la répression des fraudes sur internet, parmi les choses que je ne fais pas il y a les vidéos à caractère fétichiste. Comme je le disais, il y a erreur sur la personne, nous ne sommes pas Hans-Friedrich et Cordula Hübschkratzekruppe. La seule activité à laquelle je me voue avec passion est le ménage, et je ne me filme pas en le faisant, ça n’intéresserait personne !

La Pol. RFI : Nous allons voir, habillez-vous et suivez-nous.

Daniel : Et Hans-Friedrich et Cordula ? Ce n’est pas eux que vous étiez venus chercher ?

La Pol. RFI : Qui nous prouve que ce n’est pas vous ? Pratique de perdre ses papiers à certaines occasions.


Le commissariat, les policiers, l’interrogatoire, la routine


Bureaux de la police de la répression des fraudes sur Internet, vendredi 07:00

La pol. RFI : Madame, nous croyons vous reconnaitre en la personne qui danse en petite tenue sur quelques vidéos qui circulent sur internet. Regardez-moi ça ? Est-ce vous ?

Christiane : Bien sûr que non, c’est Cordula voyons ! Elle ne me ressemble pas du tout, jamais je ne mettrais une tenue pareille !

La pol. RFI : Nous allons voir ça, nos collègues de la reconnaissance morphologique viennent cet après-midi, en attendant, je vous boucle tous.

Daniel : Mais enfin, Hans-Friedrich est petit, gros et partiellement chauve, je ne lui ressemble pas du tout ! Il n’y a pas besoin d’expert en reconnaissance morphologique pour le voir, c’est absurde à la fin.

La pol. RFI : Nous ferons une petite enquête je crois. Quand on porte un pantalon pareil on peut s’attendre à inciter de la curiosité, c’est indécent… Ça met en évidence vos attributs, on ne voit que ça ! Ne me dites pas que vous n’aviez pas remarqué !

Daniel : On nous a volé toutes nos affaires, on me l’a prêté !

Monique : Pourquoi nous boucler tous ? Je ne suis accusée de rien moi, et les enfants non plus… Nos papiers arriveront cet après-midi à la poste.

Carmen : C’est de la dictature !!!

La pol. RFI : Je vous l’accorde, mais vous êtes tout de même priés de suivre mes collègues.


Encore une cellule


Bureaux de la police de la répression des fraudes sur Internet, vendredi 08:00

Carmen : Et vas-y qu’on se retrouve de nouveau dans une cellule ! J’ai passé une semaine de vacances formidable !

Monique : Si les petits parlent de leurs vacances à l’école, les voisins auront finalement de l’eau à leur moulin. Déjà qu’ils me regardent d’un air bizarre.

Carmen : Et Seb ? il va quand même te poser des questions.

Monique : Ça peut arriver de rater ses vacances, après tout ce n’est pas de ma faute, là je ne vois pas ce qu’il aurait pu faire de mieux dans cette situation.

Léa : Papa ! C’est quand qu’on retourne à la maison ?

Daniel: Demain ma petite pêche ! Dès qu’on aura réglé le problème, on filera à la poste pour prendre les papiers, l’argent et les billets d’avion. J’achèterai un pantalon décent et on cherchera un hôtel pour la nuit. Demain nous serons à 08:00 à l’aéroport et nous pourrons commencer à oublier ces vacances.

Christiane : Il a raison, ça fait fétichiste ton legging… Un vieux danseur fétichiste ! Ça fait bizarre, je te jure, avec tes petits mollets et tes grands pieds ! Tu les as en canard en plus, on t’avait déjà dit ?

Monique : En plus, sans culotte ça fait peur, ton zizi comprimé par la couture.

Carmen : Mais c’est vrai qu’il a l’air tout gaillard ce petit Jésus.

Monique: Oui, vigoureux.

Daniel : Mais dites donc, Mesdames ! Ça ne va pas recommencer.

Carmen : Si ! On attend encore les détails de tes ébats avec les nonnes !

Monique : Quand on sera rentrés on se fera une soirée souvenir, mais pas devant les gosses. L’idée qu’ils racontent à l’école les détails d’une… d’un feu d’artifice dans un couvent. Là oui que les voisins s’arrêteront pour me regarder passer, plus personne ne m’adressera la parole.

Carmen : Surtout que les voisins, ce qu’ils ne savent pas ils l’inventent.

La pol. RFI : Tout le monde dehors ! On a retrouvé Hans-Friedrich et Cordula Hübstuffekruppe ! Ils étaient planqués dans la cave. Et vous savez quoi ? Leur maison était truffée de caméras, on a un peu visionné les films, et on peut vous voir même sous la douche. Une caméra était même encastrée dans le bac.

Christiane : Sous la catelle transparente ? Je l’ai nettoyée et j’ai cru voir quelque chose bouger dessous.

La pol. RFI : Oui, vous l’avez frottée, agenouillée par terre, nous avons vu ça sur le film pris par l’autre caméra qui est encastrée dans le mur… Rien à dire, une vraie rousse…

Christiane : Mais !…

Carmen : Non, mais dites donc ! Vous vous êtes tous rincé l’œil ! Vous n’avez pas honte ?

La pol. RFI : Et non, nous autres andalous savons savourer les bons moments. Quant à vous Madame, je vous encourage à vous intéresser aux coutumes locales, votre derrière a la texture idéale pour un petit badinage coquin dont nous sommes les maitres d’Art, tous mes hommes sont tombés d’accord là-dessus, la finesse de son grain est parfaite pour frissonner. C’est important vous savez que les fesses frissonnent, ça fait plaisir au badineur.

Carmen : Je m’en fous, merci !

Daniel : Oui, nous allons chercher un hôtel pour cette nuit, je suggère le Hilton. Mesdames, au prix exorbitant où ils louent les chambres, il devrait en avoir quelques-unes de libres. C’est la première fois qu’une semaine de vacances me coute seulement 110 euros, il faut qu’on se rattrape.

Léa : Ouais… ils doivent avoir des super placards ! J’adore dormir dans le placard.

Iris : Ouais… on va dormir à l’hôtel ? Cool !

Nils : Maman, je pourrai dormir avec Léa dans le placard ?

Monique : Tant que tu me laisses le jacuzzi, pas de problèmes ! Allons-y !! Ça me gratte un peu partout depuis quelques jours, une longue trempette me fera un bien fou.

Daniel : Après vous Mesdames. Les enfants, on sort de là.


Le rêve se réalise enfin.


Le Hilton, vendredi 13:00

Daniel : Dieu que c’est beau tout ce blanc, tous ces tapis, tous ces miroirs et ces lumières.

Iris : Ouah Maman, on dort ici ? C’est grand !

Nils : Oh le lit comme il est doux.

Monique : Ouaoo ! Un jacuzzi dans la salle de bain !! Je m’y plonge de suite ! On se retrouve pour manger, tout à l’heure ? J’ai vu le menu, sympa ! Moi je prendrai des huitres avec du champagne demi sec.

Daniel : Suivies d’un grand plateau de fruits de mer.

Carmen : Et pour finir en beauté, le buffet de fruits exotiques.

Christiane : Quel champagne on prend, Daniel ?

Daniel : Ce sera une surprise.

Monique : Les enfants ! Vous venez avec moi dans le jacuzzi ? On fait une bonne trempette.

Daniel : Ça me dirait bien aussi. On devrait descendre au jacuzzi de l’hôtel, il est immense.

Léa : Papa, je mets mon maillot de bain ?

Christiane : Oui, tout le monde en maillot, c’est plus hygiénique !

Daniel : Et si on louait tout le jacuzzi ? Et qu’on se faisait apporter à manger ? Après tout, nous méritons un traitement de faveur, nous devons nous dorloter un peu.

Carmen : Moi je trouve que tu t’es pas mal dorloté.


Divin


Le Hilton, dans le Jacuzzi, vendredi 14:30

Daniel : Hum… Divin, divin, divin, il manque juste quelques nonnes dans le tableau.

Carmen : Ou quelques hommes sensuels.

Daniel : Et puis cette moiteur, ces lumières tamisées… Ah, comme je voudrais que toutes mes petites saintes soient là, nues avec leur jolie coiffe, douces comme la soie, si coquines, si malicieuses.

Monique : Elles t’ont demandé de leur tapoter la croupe ?

Daniel : Et oui, c’était divin, il a de la chance le seigneur !

Monique : Quelle douceur… une coupe de champagne dans une main et une huitre dans l’autre. Et toute cette eau chaude, cette vapeur, ça incite à la rêverie.

Daniel : Et bien tu vois, ces vacances auront été très enrichissantes pour moi.

Carmen : Je t’en voulais à mort de t’amuser pendant que nous étions à quatre pattes à frotter la métairie à la brosse.

Monique : Moi aussi, j’aurais aimé être à ta place… On s’est dites ça avec Carmen qui pour une fois était d’accord avec moi.

Carmen : Des hommes sensuels et délicats qui te font longuement l’amour une nuit entière, j’aimerais bien que ça m’arrive un jour… et dans un endroit comme celui-ci. Des corps nus lascivement allongés, ruisselants de vapeur, des mains qui te massent avec des huiles parfumées, des langues qui te parcourent, des sexes qui te cherchent.

Daniel : Et bien j’espère que ça vous arrivera un jour. Moi c’est fait !

Christiane : Monique, ton lardon dort sur un transat..

Monique : Je vais mettre tout le monde au dodo, et je vais paresser un peu dans mon grand lit moelleux. Bonne nuit à tous…

Daniel : Je te suis, Morphée va me susurrer quelques douceurs je pense.

Christiane : Et moi je rêverai aux bancs de la chapelle, et à Monsieur Propre.

Monique : Monsieur Propre ?

Christiane : Petite, j’étais amoureuse de Monsieur Propre. Je me vois encore virevolter, agrippée nue à son torse musclé, ça me met dans tous mes états.

Monique : … ?

Carmen : Moi je me détends encore un moment, un petit sauna me fera du bien.


Le mythe


Le Hilton, dans le Jacuzzi, vendredi 20:30

Le groom : Excusez-moi Madame.

Carmen : Oui ?

Le groom : Connaissez-vous l’équipe de rugby les « All Black » ?

Carmen : Ceux qui font cette danse…?

Le groom : Précisément Madame, ils sont Maoris. Il se trouve qu’ils sont arrivés ce soir au Hilton, et les joueurs ont grand besoin d’un peu de détente. Cela vous ennuierait-il s’ils se joignaient à vous ?

Carmen : Combien sont-ils ?

Le groom : Une dizaine, pas plus… Des Polynésiens, très calmes. Ils ne devraient pas être trop bruyants.

Carmen : Bien sûr, qu’ils entrent… Mes compagnons sont allés se coucher.


É p i l o g u e

Nos héros prirent l’avion le lendemain.

Carmen avait dû prendre froid dans le jacuzzi, parce qu’elle se leva à grand peine, complètement éreintée sur des jambes flageolantes. Il fallut même la transporter dans un caddie tant elle avait de la peine à marcher. Le voyage du retour se passa à merveille tant vers Genève que vers Toulouse.

Les enfants, étrangement, ne mentionnèrent jamais les détails de cette semaine folle. Les quelques petites choses qui filtrèrent furent assez anodines, Sébastien entendit Nils lui affirmer que Daniel adorait danser avec les nonnes, et que Léa dormait dans les placards, mais il ne tendit qu’une oreille distraite à leur bavardage. Ils rangèrent tout quelque part dans leur petit cerveau et oublièrent même peu à peu les prénoms des copains de leur maman. Sébastien, d’un naturel distrait, ne posa jamais de questions sur les vacances, et Monique omit soigneusement de lui donner des détails.

Une épidémie de gale se propagea dans Toulouse, mais personne ne suspecta Monique comme étant à l’origine de cet incident sanitaire. Toute la famille, Ginger incluse, dut se faire traiter.

Christiane mit des jumeaux au monde, 9 mois après la semaine passée en Andalousie. Il semblerait que quelqu’un lui ait administré un calmant puissant pendant la nuit sous le pont et qu’ensuite… comme l’avait avancé Carmen.

Les cinq années suivantes se passèrent dans une frénésie totale, elle avait mis au monde 2 magnifiques garçons très, très vifs. Durant de longues années, elle dut se résoudre à abandonner toutes ses manies de propreté, et à se considérer chanceuse quand elle ne trouvait pas de Nutella collé au plafond.

La prédiction de la secte ne s’avéra pas ! Les deux petits garçons ne ressemblaient en rien à Jésus-Christ, ils s’intéressaient trop au foot pour se pencher sur la spiritualité. Christiane, au demeurant, ne songea pas à les pousser dans cette voie, surpassée par son travail, les devoirs et le désordre pharaonique qui régnait dans la maison.

Daniel commença à prêcher les vertus du tantrisme. Il transforma l’appartement du dessous en temple oriental, rempli de tapis, de lourdes tentures et de coussins moelleux. Il commença à inviter des couples pour les guider dans le plaisir.

Peu à peu, sa notoriété dépassa les frontières, les gens se mirent à réserver ses services des mois, puis des années à l’avance. On lui demanda de présider des nuits de noces, des princesses venaient en secret, nues sous leur voile, s’offrir à lui pour une dernière folie avant leur mariage, des dames très riches venaient cueillir un moment de bonheur.

Carmen se mit en ménage avec 2 rugbymans maoris, arrivés d’on ne sait où avec leurs valises. Ils intégrèrent l’équipe locale où ils firent des prouesses. Pour une fois, les enfants ne se permirent pas de pourrir la vie de leur mère en s’en prenant à ses amoureux. Devant la masse imposante de ces deux colosses, ils se firent très polis et toute la famille put enfin savourer une vie de famille tranquille.

Certes, la cohabitation ne passa pas longtemps inaperçue par sa famille proche, mais venus constater la véracité de la rumeur et constatant devant la porte, la présence de 2 Maoris encore plus corpulents qu’à la télé, tout le monde opta pour suivre l’exemple des enfants et dut reconnaitre que les géants étaient bien sympathiques.

Avec leur venue, Carmen avait trouvé une solution à tous ses problèmes. Non seulement, ils étaient fins cuisiniers, mais ils avaient un solide sens de l’humour et regorgeaient d’imagination lorsqu’il s’agissait de passer à un registre plus intime.

Jamais plus personne ne se permettait de l’insulter au volant ou de lui piquer sa place à la caisse du supermarché. Deux enfants qui filaient droit, une vie sexuelle épanouie, une parenté qui se permettait moins de remarques, un ex-mari devenu subitement beaucoup plus arrangeant, c’est tout ce dont Carmen rêvait depuis des années et elle ne laisserait personne lui piquer sa place.


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