J’ai mangé toute une plaque de chocolat.
Elle était au lait et aux amandes caramélisées, avec une pointe de sel. J’ai lentement fait fondre un petit morceau après l’autre dans ma bouche.
Quarante minutes de bonheur intense, avec toutes les hormones du plaisir en éveil, comme un chat à la caresse.
Dans certains pays, on trouve dans les supermarchés des créatures en empathie profonde avec le rayon chocolat qui passent les doigts sur l’aluminium coloré pour deviner les noisettes. Elles hésitent parfois entre le plaisir que leur procureraient la nougatine et le fondant d’un chocolat crémeux.
Elles se perdent corps et âme dans ces rayons, se réjouissant déjà du délice de la dégustation.
Mais ici, les gens attrapent le chocolat dans la plus jolie boite sans même s’enquérir de ce qu’elle contient, et qu’après ils le mangent en le trouvant très bon.
Ce même chocolat qui refondu à la Noël et à Pâques, acquiert la saveur d’un gâteau à l’orange trop longtemps oublié dans un placard et sur lequel des petites souris gourmandes auraient uriné de contentement.
Mon époux m’a sortie de mes pensées en disant :
« Mais…, tu as mangé toute la plaque ?… »
Comment lui expliquer que ça avait été comme un voyage, comme des lèvres qui passent sur une peau très douce, comme un vent tiède sur une plage à six heures du soir.