
La médisance sert à se rassurer. Médire sur une personne, c’est se mettre hors de danger du pouvoir qu’on lui a inconsciemment donné.
Lorsque l’estime de soi est défaillante au point de donner un sentiment de n’avoir aucune valeur propre, on octroie à autrui une valeur importante qui, dans certains contextes, peut être ressentie comme dangereuse.
Plus on donne de la valeur à une personne, plus cette personne nous semblera puissante. En cas de conflits d’intérêts, alors médire de cette personne aurait pour effet de lui faire perdre sa puissance.
La médisance est un levier qu’on utilise pour reprendre confiance en soi lorsque se fait l’évaluation par rapport aux autres et que cela peut faire naitre des frustrations.
Médire c’est faire de la fumée sans feu.
La médisance à travers les âges
La médisance est une figure du voisinage qui a inspiré beaucoup de peintres au travers des âges. Elle est le vent funeste qui souffle entre les murs du village pour s’abattre sur les personnes qui suscitent de la jalousie chez leurs pairs.
Elle a tant de fois été peinte dans les sombres ruelles, représentée par des bouches tordues et des murmures appuyés soufflés aux oreilles.
Les personnes qui ont fait les frais de ce comportement sociétal étaient celles qui avaient osé des cheminements différents, celles dont les capacités avaient permis un destin plus facile.
Ou alors, les personnes privilégiées, plus considérées, plus admirées.
C’est ainsi que de nombreuses sages-femmes et guérisseuses ont été brulées sur les buchers de l’histoire, ainsi que les femmes, belles et libres, qui suscitaient l’envie dans leur entourage.
La médisance a également permis de neutraliser les personnes qui faisaient peur à l’église et à l’État par leur intelligence, par leurs connaissances. Ces institutions ont de tout temps craint de perdre leur pouvoir au profit des personnes qui parvenaient à s’extraire de règlements et à imposer d’autres visions que celles qui leur étaient dictées.
La médisance a fait périr entre 30 000 et 60 000 victimes sur les buchers, sans compter le nombre de vies qu’elle a empoisonnées.
Qu’est-ce qui nous donne envie de médire ?
Outre le sentiment de jalousie et de frustration, la médisance peut aussi se manifester sur ce qu’on rejette en soi et qu’on retrouve sur les autres. Ce biais est à l’origine, entre autres, de la grossophobie et de l’homophobie.
Vous vous sentez laide ou, vous monsieur, trop gros ? du coup, vous rabaissez les gens qui incarnent ce que vous n’êtes pas. Nous médisons donc parce que nous n’avons pas confiance en nous, que nous nous évaluons par rapport aux autres et que cela fait naitre des frustrations. Une personne bien dans sa peau n’aura pas ou aura moins ce besoin de destruction de la réputation ou de l’image d’autrui.
Mais il y a plus de profondeur dans son expression, qu’on ne pourrait supposer, la médisance est pleine de complexité.
Ce lien renvoie à un article intéressant sur ce vaste sujet :
Pourquoi a-t-on besoin de médire ?
Comment s’affranchir de la médisance ?
- Garder la langue collée au palais jusqu’au moment où l’on se pose la question « est-ce que ce que je m’apprête à dire est utile ? … Va faire avancer la situation ? … Est juste pour la personne dont je parle ? Est-ce que j’aimerais entendre ça ?
- Garder en tête que les personnes médisantes ne donnent jamais une bonne image d’elles-mêmes. Elles sont généralement craintes et tenues éloignées puisque leurs pairs arrivent très rapidement à la conclusion que le venin qu’elles distillent pourrait les arroser un jour.
- Vous demander ce qui a généré chez vous le stimulus de dire du mal de cette personne.
- Est-ce de la jalousie ? De la frustration ? Un besoin de restaurer son image de soi ?
- Reconnaitre que c’est un comportement que vous ne souhaitez plus avoir, un comportement que vous souhaitez comprendre.
Je vous reçois dans mon cabinet à Saint-Cyprien, sur la place du Ravelin, à deux minutes à pied de la station Saint-Cyprien-République (ligne A).