
Driiiiing…
Nadine :
- Bonjour ! Je me présente, je suis la voisine du second. Je reviens du marché et je vous ai apporté une belle botte de carottes. J’ai laissé les feuilles, c’est plus joli je trouve. Moi, je mange toujours les carottes en commençant par les feuilles, ça nettoie l’intestin et ça donne un teint de pêche. Enfin, il faudra quand même bien les laver avant, n’est-ce pas. Des fois qu’il y aurait encore de la terre.
La voisine :
- Euh, merci beaucoup… C’est gentil !
Le voisin :
- Chérie, c’est qui ?.. Bonsoir Madame.
Nadine :
- Enchantée, je suis la voisine du second, Nadine. L’hiver est froid, vous ne trouvez pas ? Bouduuu… toute cette neige, ça me donne des névralgies sur tout le corps et des chutes de tension. J’ai des petites boules sous la peau qui roulent sous mes doigts et je dois les écraser toute la journée au presse-purée. Et vous ça va ?
Le voisin :
- ??? … Oui… Euh… Merci pour les carottes.
Nadine :
- Si vous ne les mangez pas, vous pouvez les cuire, les écraser, les mélanger à du terreau et en faire un masque. C’est une recette traditionnelle de Kabylie, ça fait la peau toute douce.
La voisine :
- Ah ben oui, c’est une idée. Euh… vous allez bien ? Madame ?.. Vous êtes toute pâle subitement.
Nadine :
- (en chutant lourdement en avant…) Argh….
Le voisin :
- Mon Dieu, qu’est-ce qui lui arrive ?!!
La voisine :
- Je ne sais pas, moi !.. Madame… Madame… ça va ?
Nadine :
- Argh… une chute de tension, ça m’arrive de temps en temps… Vous savez, ma vie n’a pas été facile, j’ai commencé à travailler très dur et très jeune, et du coup mon squelette ne s’est pas bien développé, et je suis percluse de névralgies et d’inflammations chroniques. J’ai des nerfs coincés sur tout le corps et du coup ma tension peut chuter brutalement à tout moment. Pouvez-vous m’aider à me relever, s’il vous plait ?
Le voisin :
- Oui… oui… Bien sûr Madame.
Nadine :
- Ah non, faites attention enfin !! Pas par les bras !! Je me suis déboitée le coude en 1995 et depuis j’ai des douleurs nerveuses réflexes qui me montent jusqu’au crâne.
Le voisin :
- Oui… oui… Bien sûr. Désolé Madame. Voulez-vous vous vous tenir à mon bras plutôt ?
- Nadine :
- Mais non, enfin !! Je ne peux pas déplier les doigts à cause de l’arthrite. Vous voyez mes doigts, non ? Vous ne voyez pas qu’ils sont tout recroquevillés. Regardez !!
Le voisin :
- Oui, excusez-moi, mais comment allez-vous vous relever si…
Nadine :
- Je vais me débrouiller, finalement. Argh… Argh… je me suis fait opérer des pieds en 2001 et depuis ça me fait mal quand je m’appuie dessus. La douleur remonte jusqu’aux cuisses. C’est terrible cette douleur, vous savez.
La voisine :
- Ah oui, ça doit faire très mal. Euh… Ça ira pour remonter chez vous ?
Nadine :
- Il faudra bien ! Je suis vaillante vous savez. Pas comme les jeunes d’aujourd’hui qui se plaignent tout le temps. Ils sont tout le temps fatigués, vous ne trouvez pas ?
Le voisin :
- Ben, nous ça va, mais après…
Nadine :
- Bon, je vais remonter. C’est dur les escaliers. Chaque marche me coute. Ce n’est pas simple. Enfin, on ne va pas se plaindre. À bientôt les jeunes, vous passerez boire le café ? Ce sera l’occasion de me dire comment vous avez cuisiné les carottes.